Il a été interpellé presque par hasard. Un homme de 23 ans se trouve en garde à vue depuis dimanche dans le cadre de l'enquête sur la mort d'Aurélie Châtelain, cette prof de fitness originaire du Nord retrouvée tuée par balle dans sa voiture en feu à Villejuif, dans le Val-de-Marne, dimanche matin. Le profil du jeune homme suspecté de cet assassinat donne cependant une toute autre tournure à cette affaire. Connu de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), il est en effet soupçonné de plusieurs projets terroristes.
Il se blesse lui-même par balle. L'interpellation de Sid Ahmed Ghlam est survenue dimanche, près de son lieu de résidence, dans le 13ème arrondissement de Paris, peu de temps après le meurtre d'Aurélie Châtelain. Dans la matinée, les secours sont appelés à intervenir sur une blessure par balle. La victime prétend alors avoir été prise pour cible par un agresseur armé lui ayant volé son sac à dos. Sauf que les policiers, également dépêchés sur place, remontent les traces de sang du blessé qui les mènent jusqu'à sa voiture. A l’intérieur du véhicule, les forces de l'ordre retrouvent un gyrophare, deux gros sacs ainsi que plusieurs armes. En réalité, l'homme s'est blessé lui-même avec sa propre arme à feu.
Un attentat "évité" visant "une à deux églises". Une liste de cibles potentielles est également saisie dans le véhicule. "Une documentation fournie a (...) été découverte établissant sans ambiguïtés que l'individu projetait la commission imminente d'un attentat, vraisemblablement contre une ou deux églises", a indiqué mercredi, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, précisant que "cet attentat avait été évité dimanche matin".
Lors des perquisitions menées ensuite au domicile de ce jeune Algérien, les hommes de la Brigade criminelle de la PJ parisienne découvrent des armes de poing et plusieurs Kalachnikov, des munitions et des gilets pare-balles ainsi que 2.000 euros en liquide. Ils mettent aussi la main sur une liste de commissariats avec ce qui s'apparente à une évaluation du temps que les policiers auraient mis pour intervenir à chaque fois.
Quel est le profil du suspect ? L'homme arrêté dimanche est étudiant en électronique. Il avait déjà été signalé aux services de renseignement, au printemps 2014, comme candidat au départ vers le djihad en Syrie, puis en 2015, après son retour d'un séjour en Turquie, a indiqué Bernard Cazeneuve, mercredi soir au JT de TF1. Sid Ahmed Ghlam a donc bien été entendu deux fois par la DGSI qui avait effectué des vérifications suite à ces signalements. Mais les services de renseignement ne disposaient pas de suffisamment d’éléments permettant l'ouverture d'une enquête judiciaire. "Une fiche de sûreté à néanmoins été diffusée", a précisé le ministre.
Par ailleurs, l'une de ses proches, âgée de 25 ans, a été interpellée, mercredi matin, à Saint-Dizier, en Haute-Marne. Sid Ahmed Ghlam aurait projeté d'aller se mettre au vert à son domicile après l'attentat, mais rien ne prouve pour autant que cette jeune femme était au courant de ses projets terroristes.
Comment les enquêteurs sont remontés jusqu'au meurtre de Villejuif ? Après le placement immédiat du suspect en garde à vue, dimanche, les enquêteurs de la Crim' travaillent alors tous azimuts sur ses projets d'attentats. Ils découvrent que ce suspect serait lié au meurtre de Villejuif. Leurs vérifications techniques - notamment à partir du GPS et de l'ordinateur personnel du suspect - ont en effet permis d'établir que le terroriste présumé se trouvait à Villejuif au moment de la mort d'Aurélie Châtelain. L'expertise balistique prouve par ailleurs que la balle ayant tué la mère de famille provient de l'une des armes de Sid Ahmed Ghlam. Enfin, l'ADN du suspect a été retrouvé dans la voiture de la victime. Pourquoi l'a-t-il tuée ? C'est ce que devront désormais découvrir les hommes de la Crim et de la DGSI, co-saisies de cette enquête.
Une menace terroriste sans précédent. Manuel Valls a estimé mercredi que la France faisait "face à une menace terroriste sans équivalent dans le passé". "Les terroristes ciblent la France pour nous diviser", a ajouté le chef du gouvernement à la sortie du Conseil des ministres, devant le perron de l’Élysée.
Le président de la République François Hollande a, quant à lui, salué le travail des forces de police avant de déclarer : "Nous devons continuer à être vigilants, c'est la raison pour laquelle j'ai maintenu le plan Vigipirate à son niveau le plus élevé depuis janvier. Et il le sera autant que nécessaire."
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