Ils collectionnent les armes, certains collectionnent les timbres : de plus en plus de particuliers passionnés bravent la loi pour se constituer un arsenal, générant un marché noir. Parmis ces particuliers, un certain Emmanuel Toschi, ancien instituteur collectionneur d'armes, jugé pour vente d'armes de guerre à partir de mercredi par le tribunal correctionnel de Paris. Il comparaît notamment pour avoir vendu une dizaine de kalachnikof à un "ami collectionneur" corse. Et autant de pistolets Glock à une figure du grand banditisme de la banlieue sud de Paris. Les deux acheteurs seront d'ailleurs à ses côtés sur les bancs des prévenus.
Professeur par dépit. Celui que l'on présente depuis son arrestation il y a deux ans comme "l'armurier du grand banditisme" n'était pourtant pas destiné à finir sur les bancs d'un tribunal. Il a commencé sa carrière comme instituteur, mais cette vocation écourtée, était en réalité celle de sa mère, directrice d'école dans la région de Belfort.
Armurier par passion. Car la vraie passion d'Emmanuel Toschi a toujours été les armes, comme l'explique son avocat, maître Jacques Sémionoff. "Dans la région, il y a un atavisme particulier pour les armes de guerre. On va se promener le dimanche, et comme on n'est pas très loin de Verdun, on trouve encore dans la campagne des baïonnettes, des grenades. Comme tous les gamins, il s'est passionné, il a commencé à avoir une collection, et en a fait son métier. Il achetait pour revendre, comme tout collectionneur, comme des timbres-poste", estime son avocat au micro d'Europe 1.
Mais pas tout à fait comme les timbres quand même. Car Emmanuel Toschi a fait de sa passion un métier. Il est devenu armurier. Il est si habile dans la fabrication de silencieux que certains auraient même pu servir à l'armée française. Mais tout son savoir-faire n'est pas aussi légal.
Tout un arsenal dans son box. En septembre 2012, à la suite d'un renseignement anonyme, des policiers de l'Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO) découvrent un véritable arsenal militaire dans un box loué par Emmanuel Toschi à Danjoutin, près de Belfort. Une trentaine de fusils d'assaut et de fusils mitrailleurs, une vingtaine d'armes de poing, 30 kg d'explosifs, 53.000 cartouches et plus de 500 kg de munitions diverses s'y trouvent impeccablement rangés dans des armoires métalliques.
Des armes revendues à des pseudo-collectionneurs. Des plans de fabrication d'armes, des pièces détachées et des machines outils, servant à usiner des armes neutralisées pour les "remilitariser", c'est-à-dire à les rendre à nouveau opérationnelles, sont retrouvés lors d'autres perquisitions dans une société d'outillage et aux domiciles de l'ancien instituteur et de sa mère. Des armes prêtes à l'emploi que Toschi vend à des clients qui se présentent comme des "collectionneurs". Sauf que l'un d'eux au moins est un figure du grand banditisme francilien, soupçonné de fournir des armes aux voyous.
Accusé de s'être livré à la fabrication et au commerce d'armes de guerre en bande organisée, Emmanuel Toschi risque 10 ans de prison. Il est incarcéré depuis deux ans.