C'est un témoignage plein d'émotion que Patrick Pelloux a livré jeudi matin sur l'antenne de la chaîne ITELE. Le médecin urgentiste, qui participait à une réunion entre les services du Samu et les pompiers rue Bréguet, tout près des locaux de Charlie Hebdo, mercredi matin, a été l'un des premiers à arriver sur les lieux du massacre. "Jean-Luc, le graphiste (de Charlie Hebdo), m'a appelé et m'a dit : 'viens vite, on a besoin de toi'. Je suis parti tout de suite", a-t-il raconté avec des larmes dans les yeux. "C'était horrible. Il y en a beaucoup qui étaient déjà partis parce qu'ils les ont abattus comme dans des exécutions et on a réussi à sauver les autres qui a priori vont bien ce matin (jeudi matin)."
Patrick Pelloux revient sur le drame sur iTELE :
Patrick Pelloux est collaborateur de l’hebdomadaire satirique, dans lequel il tient une chronique. "C'était des hommes et des femmes extraordinaires. Ils ont tiré sur des gens qui faisaient une conférence de rédaction contre le racisme", a-t-il souligné. En 2008, le médecin avait également publié un ouvrage avec Charb, J'aime pas la retraite. "Lundi soir, j'ai dîné avec lui et Luz (dessinateur travaillant à Charlie Hebdo, ndlr) et on riait de la nouvelle année", a-t-il raconté. "Charb en avait un peu assez de sa protection. Je pense qu'il me protégeait beaucoup des risques (en ne me disant pas tout). Il savait que, dans tous les meetings intégristes à travers le monde, Charlie Hebdo revenait tout le temps, nous étions un ennemi de papier, de crayons..."
"Je suis sûr que Charb s'est levé pour les traiter de cons." C'est Patrick Pelloux qui a prévenu le président de la République, François Hollande, de l'attentat. "Cabu et Bernard Tignous aimaient beaucoup le président", a rappelé le médecin. "J'ai donc appelé le président. Il m'a tout de suite dit : 'j'arrive'. Il a eu le courage de venir. Ça ne change pas grand-chose mais... Vous savez, c'était des hommes tellement bons, tellement généreux, bien sûr irrévérencieux. Il y a des gens qui étaient furieux à propos de dessins mais qui ne restaient que des dessins. Je suis sûr qu'(au moment de l'attaque), Charb s'est levé pour les traiter de cons..."
Le médecin urgentiste a paru désemparé : "je ne sais plus ce que je dois faire. J'ai perdu les miens. Je ne sais pas ce que va être mon travail." Patrick Pelloux a néanmoins tenu à affirmer que Charlie Hebdo devait survivre à cette attaque. "J'étais venu te dire (à Bruce Toussaint, le journaliste d'iTELE) que le journal va continuer parce qu'ils n'ont pas gagné et que Charb, Cabu, Wolinski, Honoré, Tignous, Maris, Mustapha, Elsa (les victimes de la rédaction de Charlie Hebdo, ndlr) ne sont pas morts pour rien et qu'il n'y a aucune haine à avoir contre les musulmans. Chacun, devant chez lui, au quotidien, doit faire vivre les valeurs de la République."
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