Un mois après la tuerie de Chevaline, toutes les pistes restent envisagées par les enquêteurs.
C'était il y a un mois jour pour jour. Le 5 septembre dernier, trois membres d'une famille britannique ont été retrouvés assassinés dans leur voiture, à Chevaline, en Haute-Savoie. Non loin de là, un cycliste avait également succombé au drame, recevant plusieurs balles dans le corps.
Seules les deux fillettes du couple, âgées de 4 et 7 ans, ont survécu à la fusillade. La plus jeune a été retrouvée cachée sous la jupe de sa mère. L'aînée, grièvement blessée, a été retrouvée à l'extérieur du véhicule. Elle constitue ainsi le témoin clé de l'affaire. Europe1.fr fait le point sur cette enquête menée conjointement en Angleterre et en France.
Comment travaillent les enquêteurs ? Une centaine d'enquêteurs reste mobilisés des deux côtés de la Manche. Deux enquêtes sont en effet menées conjointement en France, où le drame s'est déroulé, et en Grande-Bretagne, où vivait la famille al-Hilli. La France est chargée de l'examen de tous les scellés et des données techniques comme la téléphonie sur les lieux des meurtres, rapporte RTL.
>>> A lire : L'émotion en Grande-Bretagne
L'enquête en Grande-Bretagne se focalise sur la famille Al-Hilli. Passé, relations, entourage, travail etc. : autant d'éléments passés au peigne fin par les enquêteurs. "Actuellement, les enquêteurs sont dans une phase longue et délicate de reconstitution de la vie familiale et professionnelle de tous les acteurs, défunts ou témoins, de cette affaire", abonde Éric Maillaud, le procureur de la République d'Annecy, interrogé par Le Dauphiné Libéré.
Certains points de l'enquête sont par ailleurs suivis conjointement par les policiers français et les Britanniques. C'est notamment le cas de l'audition de Zainab, la fillette de 7 ans qui a survécu à la tuerie.
Quelles sont les pistes privilégiées ? "Rien n’est laissé au hasard, aucune piste n’est écartée", assure Eric Maillaud. Mais parmi les rares certitudes, la piste menant à la quatrième victime, Sylvain Mollier, le cycliste du GIGN, est aujourd'hui quasi abandonnée. Les enquêteurs ont en effet conclu qu'il était là au mauvais endroit au mauvais moment.
En revanche, la thèse du différend familial autour du père Saad al-Hilli reste particulièrement suivie. Eric Maillaud préfère toutefois rester prudent. "Il peut effectivement y avoir du côté de l'héritage un mobile crédible pour ces meurtres. Encore qu'il y ait à côté beaucoup de points d'interrogation et notamment la survie des fillettes", détaille-t-il au micro d'Europe 1.
Difficile en effet d'expliquer pourquoi les fillettes auraient été laissées vivantes dans le cadre d'un règlement de comptes familial. "Si on veut tuer son frère et toute sa famille, il paraît compliqué d'oublier qu'il y a une petite fille de 4 ans. Donc c'est une piste sur laquelle on travaille et la reconstitution du patrimoine du père demande énormément de travail aux enquêteurs. Avec des investigations à effectuer dans de très nombreux pays, notamment la Suisse et l'Espagne", indique le magistrat.
>>> A lire : Les trois pistes de la tuerie de Chevaline
Sur cette hypothèse comme sur les autres, les enquêteurs doivent tout vérifier. "Toutes les hypothèses sont encore ouvertes. Chaque profil pose question, mais chaque piste amène à des points d’interrogation et conduit à des invraisemblances", résume le procureur d'Annecy.
Comment se portent les deux fillettes ? Peu d'informations circulent concernant le lieu de résidence des deux rescapées. Courant septembre, ces dernières ont été rapatriées en Grande-Bretagne, en vue de l'audition de l'aînée. Zainab et Zina sont placées sous protection policière dans un lieu tenu secret. Selon des informations recueillis par Europe 1, c'est leur tante, la sœur de leur mère, qui s'occuperait d'elles.
Si l'aînée se porte mieux, ses proches s'inquiètent à présent de son avenir et de celui de sa petite sœur, Zina. C'est ce qu'a confié à la BBC un ami du couple : "je me sens responsable de ces fillettes, je sais ce que leurs parents voudraient pour elles, s'ils étaient encore vivants. Le plus important, c'est de se préoccuper de leur avenir de réfléchir à ce qu'il y a de mieux pour elles et de bien les élever."