Le co-pilote de l'A320 a volontairement dirigé l'avion vers le sol. Comment prévenir ce genre de comportements pour éviter des catastrophes aériennes ?
Le crash de l'A320 de la Germanwings n'a pas fini d'inquiéter les compagnies aériennes. Et pour cause, les éclaircissements apportés par le procureur de la République à Marseille Brice Robin ont permis d'établir un récit glaçant du drame :Andreas Lubitz, le copilote, "par une abstention volontaire, a refusé d'ouvrir la cabine au commandant de bord, allé se soulager aux toilettes et a actionné la manette pour faire redescendre l'avion vers la montagne", pour la suite que l'on connaît.
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• Que faire contre la volonté d'un pilote de "crasher" son avion ?
Dans cette configuration, il est difficile de pouvoir faire quelque chose : "Dans l'état actuel de la technique et de la protection des postes de pilotage avec ces portes blindées, on ne peut rien faire contre un pilote qui a décidé d'en finir", explique Bernard Chabbert, spécialiste aéronautique pour Europe 1. Un avis partagé par le PDG de la Lufthansa, Carsten Spohr, qui s'est exprimé jeudi après-midi : " Aucun système de sécurité au monde n'aurait pu empêcher ce drame".
• Quelles sont les mesures de sécurité actuellement en place dans un avion ?
Comme l'explique le spécialiste, le verrouillage de la porte du cockpit désormais blindée dans les avions de ligne, système qui existait sur certaines compagnies depuis les années 80 à la suite de détournements d'avions, a été généralisé après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, pour éviter la prise de contrôle de l’appareil par des terroristes.
• Quelles autres règles pourraient être adoptées ?
Jeudi, quatre des concurrents du low cost allemand, Easy Jet, Air Transat, Icelandair et Norwegian Air Shuttle, ont décidé d'imposer la présence permanente de deux personnes dans le cockpit pour éviter ce genre de catastrophe. En effet, la réglementation de l'Autorité européenne de sécurité aérienne (EASA) n'impose pas la présence de deux pilotes dans le cockpit. De la même façon, le gouvernement canadien a également décidé d'obliger les compagnies aériennes du pays d'adopter cette nouvelle mesure.
• Pourquoi n'ont-elles pas été mises en place auparavant ?
Pour Patrick Magisson, membre du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) interrogé au micro d'Europe 1, les responsabilités sont clairement établies: "On avait demandé dès le début aux autorités américaines qui avaient imposé le blindage du cockpit et son verrouillage qu'une tierce personne remplace celui qui parte pour que jamais un pilote se retrouve seul aux commandes".
Le pilote précise que cette mesure est "souhaitable, pas seulement pour prévenir les tentatives de suicide, mais aussi en cas d'incendie ou de tout autre incident." Mais Patrick Magisson déplore avoir reçu "une fin de non-recevoir des autorités américaines qui ont imposé leurs vues à l'ensemble du monde entier". "Je suis absolument effondré qu'il faille 150 morts pour qu'on arrive à faire entendre raison, mais j'espère que cette mesure-là sera étendue à d'autres compagnies et qu'on retrouvera plus de raison en terme d'application des mesures de sûreté", conclut-il.
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