Crash de l'A320 : "tout le monde est stupéfait"

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ÉDITION SPÉCIALE - Europe 1 a sollicité des experts pour comprendre un peu mieux la psychologie du copilote à l'origine du drame, Andreas Lubitz.

L'INFO. Andreas Lubitz, copilote de l'Airbus A320 de Germanwings, est au centre de l'attention. Jeudi, Brice Robin, le procureur de Marseille, a en effet assuré que c'est cet homme qui a, volontairement, crashé l'appareil dans les Alpes-de-Haute-Provence mardi. Europe 1 a sollicité des experts pour comprendre un peu mieux la psychologie du copilote.

"Il était 100% apte à voler". A 22 ans, Andreas Lubitz a réussi les tests d'entrée à l'école de navigation de la Lufthansa, à Brême, une formation prestigieuse, avec une sélection très exigeante. "Dans le choix de nos candidats, nous ne vérifions pas seulement les capacités cognitives et techniques de nos futurs étudiants", a expliqué le PDG de Lufthansa, Carsten Spohr. "Dans le processus d'admission, nous laissons une grande place à leur profil psychologique. Il a réussi à la suite tous les tests médicaux. Il était 100% apte à voler"

Reste une tache sur le dossier d'Andreas Lubitz : en 2009, pendant six mois, l'étudiant stoppe sa formation, ses camarades n'hésitant pas à parler de burn-out, ce que la Lufthansa refuse de confirmer au nom du secret médical. A son retour, le copilote de l'A320 avait alors repassé tous les contrôles médicaux et psychologiques sans problème notable. Dans la ville d'origine du copilote, certains témoignages laissent penser que la compagnie avait cerné les problèmes psychologiques de son employé : "ici, on sait que, l'année dernière, il avait fait une dépression. Je sais juste qu'il s'est passé quelque chose, et qu'il a été suspendu. A un moment, il a reçu la nouvelle que, puisqu'il était dépressif, il ne pouvait plus voler", a ainsi raconté un habitant à l'envoyé spécial d'Europe 1.

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"Les tests sont extrêmement sévères, sur le plan technique et psychologique". Pour Marie-Claude Dentan (photo), ancienne psychologue à Air France en charge du recrutement des pilotes et de leur suivi, tout est pourtant fait, en amont, pour éviter d'engager des pilotes fragiles : "la sélection est là pour éliminer ceux pour lesquels on pourrait avoir un doute. Les tests sont extrêmement sévères, sur le plan technique et psychologique. Il n'y a pas d'autres professions où il y a un tel suivi."

Et une fois le pilote embauché après avoir réussi tous les tests, "il y a des contrôles médicaux réguliers, qui sont chargés de voir si l'aptitude est toujours là, à la fois sur le plan physiologique et sur le plan psychologique". Pierre Michel Candau, ancien pilote de ligne, se souvient avoir passé ses contrôles médicaux, comme chaque pilote : "on voit cinq ou six médecins pendant la visite médicale et ils ont une formation psy, donc ils sont capables de détecter. Mais on n'a pas non plus l'électroencéphalogramme pour détecter une folie passagère". Ce n'est en tout cas pas la première fois qu'un pilote se suicide en vol, ce qu'a rappelé François Nenin, journaliste auteur de "Ces avions qui nous font peur" : "en général, ce sont des gens plutôt âgés. Il y a eu, officiellement, une dizaine de cas".

Comment Andreas Lubitz a-t-il pu passer au travers des mailles du filet ? "Je n'ai pas d'explication. Tout le monde est stupéfait", admet la psychologue Marie-Claude Dentan.

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