Des actes de tortures et des insultes. Les dernières heures de la vie de Cyril, cet adolescent finistérien mort en 2003 des suites d'une crise d'épilepsie après d’importants sévices lors d'un "séjour de rupture" pour jeunes en difficulté, en Zambie, ont été retracées jeudi devant la cour d'assises des mineurs du Finistère.
Ce sont les co-accusés "d'actes de tortures et de barbarie" - l’encadrant sans diplôme du camp Frédéric Aupérin et deux stagiaires - qui ont raconté les souffrances de cet adolescent chétif âgé de 15 ans.
Une véritable "curée"
Tout a débuté après une fugue d’une journée. Cyril ne supportait plus les conditions de vie dans le camp : il était devenu le souffre-douleur de Frédéric Aupérin et des autres stagiaires. Ramené au camp par des villageois voisins, il va subir une véritable "curée", selon les termes mêmes de l’encadrant, en rétorsion à sa fuite.
L’animateur, ancien militaire décrit comme psychorigide, agressif et sans remise en question par l'expert psychiatrique et dont le portrait a été dépeint mercredi à l’audience, a affirmé jeudi avoir "stoppé" les coups infligés par les autres jeunes du stage. Mais la version des autres co-accusés est toute autre. Ils ont raconté à la barre que Frédéric Aupérin était ivre et a hurlé à Cyril "Grosse merde (...) qu'est-ce que tu fais sur terre ?", avant d'ordonner d'attacher le fugitif pieds et poings liés dans le dos.
"Pour lui faire peur"
Cyril a ensuite été traîné jusque dans une mare aux cochons où un stagiaire lui a plongé plusieurs fois la tête dans la fange, "pour lui faire peur", a reconnu l’animateur. C’est là que l’adolescent a passé la nuit, hurlant avoir compris la leçon. Pour ses cris, Frédéric Aupérin lui a infligé des coups de badine. "J'ai fait pour le mieux", a tenté de se défendre l'animateur reconnaissant tout de même que "la badine, ça aurait pu être évité, mais j'en pouvais plus, j'étais crevé".
Le calvaire n’était pas terminé pour Cyril. Alors que Frédéric Aupérin s’était endormi, les stagiaires ont continué de le battre, mais pas seulement. Des excréments de porcs ont été déversés sur son corps et dans sa bouche et deux jeunes ont uriné sur lui.
La mort, une semaine plus tard
Une semaine après cette nuit d’horreur, Cyril a subi de nouveaux coups et a été pris de convulsions. Conduit à l'hôpital de Lusaka, la capitale située à 500km du camp, avec trois autres stagiaires, il décède peu après avoir été mis sous assistance respiratoire à l'hôpital.
Pris de panique, Frédéric Aupérin a ensuite donné l'ordre de détruire un vélo pour faire croire à un accident et justifier les nombreuses traces de coups sur le corps de Cyril.
Le procès est prévu pour durer jusqu’au 1er octobre. Frédéric Aupérin et ses deux coaccusés, des stagiaires eux-aussi battus qui seraient devenus tortionnaires à leur tour, risquent jusqu’à vingt ans de réclusion criminelle. Ils sont accusés "d'actes de tortures et de barbarie". Tous trois ont reconnu les faits.