Dominique Strauss-Kahn a entamé mercredi sa deuxième journée de garde à vue, après une nuit passée dans une cellule de la gendarmerie Lille. Sa garde à vue a été prolongée de 24 heures mardi soir. L'ancien patron du FMI est entendu par les enquêteurs de la police judiciaire depuis mardi matin sur son implication éventuelle dans l’affaire dite du Carlton de Lille. Il devrait savoir en fin de journée s'il est mis en examen pour complicité de proxénétisme et recel d'abus de biens sociaux ou remis en liberté.
Une nuit "dans l'une des spartiates cellules de la caserne"
Après plus de dix heures d'interrogatoire dont rien n'a filtré, interrompues par une courte pause déjeuner, la garde à vue de DSK a été prolongée par les trois juges d'instruction en charge de l'enquête. Les magistrats sont arrivés sur place peu après 21h30, avant de quitter les lieux environ une heure plus tard.
Une démarche solennelle pour une simple formalité puisque Dominique Strauss-Kahn savait dès la fin de l'après-midi qu'il passerait la nuit "dans l'une des spartiates cellules de la caserne, où un matelas de mousse de 10 cm trône sur une paillasse en béton", comme l'écrit La Voix du Nord. Un confort minimum tout de même, puisqu'il n'a pas dormi dans l'une des cellules, un peu sordides, du commissariat central de Lille.
Une garde à vue pas tout à fait comme les autres
Dans la matinée de mardi, l'arrivée de DSK avait provoqué une bousculade parmi les très nombreux journalistes présents devant la gendarmerie de Lille. Peu avant 9 heures, une berline aux vitres teintées a franchi la porte principale de la gendarmerie, aussitôt refermée. Sur le siège passager, Dominique Strauss-Kahn, qui aurait participé à des soirées libertines à Paris et à Washington. Son avocate, Me Frédérique Beaulieu, l'a rejoint peu de temps après son arrivée dans les locaux.
La cohue à l'arrivée de DSK à la gendarmerie de Lille :
L'audition, menée par le groupe d'enquête proxénétisme de la PJ de Lille, s'est déroulée dans une aile isolée du bâtiment. Signe que cette garde à vue n'est pas tout à fait ordinaire, la directrice adjointe de la police judiciaire de Lille était présente. Les enquêteurs doivent déterminer si Dominique Strauss-Kahn savait que les femmes qui participaient aux soirées libertines étaient des prostituées.
Interrogé par la "police des polices" mercredi
La garde à vue de DSK peut théoriquement se prolonger jusqu'à 96 heures, mais elle devrait plutôt durer 48 heures. A l'issue de sa garde à vue, l'ancien patron du FMI peut être libéré sans poursuites ou déféré dans la foulée devant les juges, qui peuvent également le convoquer ultérieurement.
DSK doit également être entendu mercredi par des policiers de l'IGPN (Inspection générale de la police nationale, la "police des polices") dans le volet policier du dossier, dans lequel le commissaire divisionnaire Jean-Christophe Lagarde, chef de la Sûreté départementale du Nord - suspendu de ses fonctions - est mis en examen, selon une source proche de l'enquête.
Des voyages à Paris et à Washington
Dodo la Saumure, proxénète belge, a affirmé mardi matin à Europe 1 qu’il ne savait pas si DSK avait "réellement conscience" que les jeunes femmes étaient payées. "Il devait le savoir quand même. Il n’était pas dans un jeu de séduction. Quand on connaît une jeune fille, ou une dame, depuis une heure, et que l’on a des rapports avec, en général, c’est des rapports tarifés", a-t-il estimé
Plusieurs voyages avec des prostituées avaient été organisés et financés par deux entrepreneurs du Pas-de-Calais, Fabrice Paszkowski, responsable d’une société de matériel médical, et David Roquet, ancien directeur d’une filiale d’Eiffage. Le dernier voyage remonterait à la période du 11 au 13 mai, à Washington, soit à la veille de l’arrestation de DSK dans l’affaire du Sofitel de New York.