Nous sommes le 15 novembre dernier, au dessus de l'Espagne, dans un avion Paris-Alger de la compagnie Aigle Azur. Dans le haut-parleur qui crépite, le pilote vient d'annoncer qu'il a détecté un problème technique le contraignant à un atterrissage forcé. Assis dans son siège, bloqué dans la cabine passager, Farid S., 28 ans, s'est-il douté à ce moment là de quelque chose ?
Car l'avarie annoncée n'est en fait qu'un leurre visant à masquer un déroutage sur une demande urgente d'un magistrat visant à interpeller l'homme, suspecté de tentative meurtre, rapporte mardi le Parisien. A son atterrissage sur le tarmac de l'aéroport de Marseille, Farid S. a été cueilli par la police puis mis en examen et écroué par un juge d'instruction de Bobigny.
Encagoulé, il tire à neuf reprises
Tout commence quelques jours plus tôt, le 11 novembre au petit matin, dans une rue d'Aubervilliers. Un tireur encagoulé surgit avec un complice et tire à neuf reprises sur un homme de 30 ans avant de prendre la fuite avec un troisième homme au volant d'une voiture, laissant la cible pour morte.
Très grièvement blessée par sept balles de calibres 9mm au niveau de l'abdomen, la victime est rapidement secourue et transférée vers l'hôpital Bichat, dans le XVIIIe arrondissement de la capitale. Deux opérations plus tard, l'homme s'est vu provisoirement délivré 45 jours d'interruption temporaire de travail (ITT).
Un suspect bien connu de la police
Dans le même temps, les investigations menées par la police judiciaire de Seine-Saint-Denis ont démarré sur les chapeaux de roues : les enquêteurs ont obtenu le nom d'un suspect. Il s'agit de Farid S., un jeune Franco-algérien qui s'est déjà illustré par le passé dans des affaires de séquestration, vol, recel, et port illégal d'arme. Mais le jeune homme reste alors introuvable.
Tout s’accélère le 15 novembre, selon une source citée par le quotidien, quand les policiers obtiennent une information sur le fait que le suspect recherché aurait acheté un billet pour l'Algérie. Après vérification les policiers retrouvent la trace de Farid S. dans une liste de passagers pour un vol Paris-Alger de la compagnie Aigle Azur.
Une décision exceptionnelle
Pressé par le temps, le parquet de Bobigny, en charge du dossier, tente de retarder le décollage de l'avion afin d'interpeller le suspect. En vain. Selon un proche de l'affaire cité par le Parisien, la décision exceptionnelle de dérouter l'avion, qui se trouvait déjà au-dessus de l'Espagne, pour le faire atterrir à Marseille est alors décidée. Contactés lundi, le parquet de Bobigny et l'avocate du suspect n'ont pas voulu communiquer sur l'affaire, précise le quotidien.