Des cochons l'auraient rendu sourd

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et Sebastien Krebs , modifié à
Un employé de porcheries assigne son employeur en justice. Les cris des gorets auraient causé son handicap.

Le 15 mai prochain, les porcs s'inviteront au tribunal des affaires de sécurité sociale du Jura. Un ex-employé agricole de Saint-Laurent-en-Grandvaux, dans le Jura, y assigne son ex-employeur, une société qui gère plusieurs grosses porcheries dans la région.  Son problème ?  Il estime que les cris des porcs sont à l'origine de ses problèmes de surdité et d'équilibre, rapporte Le Parisien vendredi.  Sa femme, Arlette,  a accepté de témoigner vendredi au micro d'Europe 1.

4.000 porcs chaque jour. Serge Personeni, 59 ans, a travaillé pendant vingt ans au milieu des cochons dans plusieurs porcheries du  Doubs et du Jura. Jusqu'à un burn-out en 2008. Chaque jour, à raison de 12 à 13 heures de travail, "il s'occupait de 4.000 porcs sur plusieurs sites", raconte sa femme Arlette sur Europe 1. "Quand il rentrait, il fallait mettre la télévision de plus en plus fort. Et on avait toujours l'impression qu'il criait", assure son épouse.

Le cri d'un cochon :

"Qu'il soit reconnu travailleur handicapé". Pour Arlette, comme pour Serge, "ce n'est pas possible que cela soit autre chose". "Un porc ne crie pas tellement fort mais quand vous multipliez le bruit par 1.500, ça équivaut à plus de 100 décibels", assure la femme de l'ancien employé agricole. Et à cela vient encore s'ajouter le bruit des outils, tels les machines à soupe, dont le fracas serait équivalent au bruit "d'un robot de cuisine multiplié par 15", selon elle. Et quand Serge demande un casque de protection auditive, son patron lui aurait refusé. "On se bat pour la faute inexcusable, pour qu'il soit reconnu travailleur handicapé", conclut Arlette.

Un cri de 115 décibels. Le 15 mai, plusieurs relevés de décibels effectués dans des porcheries seront présentés devant le tribunal. Selon les données de l'Institut nationale de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS), présentées par Le Parisien, le cri de cochon équivaut à  115 décibels. Un niveau situé entre un passage en discothèque (105dB)  et un avion au décollage (130dB), bien au-delà du seuil de danger de surdité (90dB).