L'info. Deux policiers de la police aux frontières, qui étaient en garde à vue depuis mercredi, ont été mis en examen vendredi à Lille pour extorsion, vols et violences aggravées, et écroués. Ils sont soupçonnés d'avoir racketté plusieurs vendeurs de roses à la sauvette. Le procureur a ouvert une information judiciaire et obtenu le placement en détention provisoire des deux hommes, un gardien de la paix de 36 ans et un adjoint de sécurité de 24 ans. La décision sera prise par le juge des libertés et de la détention (JLD) en fin de journée. Ils risquent jusqu'à 7 de prison.
Un maigre butin. Trois vendeurs originaires du Bangladesh ont porté plainte il y a plusieurs jours, emboitant le pas à un premier. Ils assurent avoir été volés à l'occasion de contrôles d'identité, en pleine nuit dans les rues de Lille. Les policiers les auraient forcés, parfois violemment, à laisser la recette de leur vente de fleurs dans les restaurants du centre-ville. Un butin pouvant aller de 250 à 7 euros.
"Ces policiers, sous le prétexte de contrôler ces personnes, demandaient de l'argent et quand elles avaient des fleurs, parfois prenaient les fleurs", a expliqué le procureur de Lille au micro d'Europe 1 vendredi soir. "L'une des victimes a déclaré avoir été giflée", et emmenée à plusieurs kilomètres de Lille en voiture, a-t-il ajouté. Le policier le plus âgé a "partiellement reconnu les faits", mais pas le second, "malgré des preuves accablantes", selon le procureur ajoutant qu'"il semblerait que l'un des deux policiers ait de graves problèmes financiers, ce qui pourrait expliquer ce comportement mais en aucun cas l'excuser",
"Ils n'ont plus peur la nuit". Selon les vendeurs, ce manège aurait duré plusieurs semaines. Avant qu'ils décident de porter plainte. Les vendeurs de fleurs, en situation irrégulière, "ont eu beaucoup de mal à porter plainte car ils craignaient que les policiers s'en prennent à eux, voire qu'ils soient reconduits dans leur pays, c'est la raison pour laquelle l'omerta a fonctionné jusqu'à aujourd'hui", a précisé le procureur.
Les trois hommes ont pu désigner précisément les policiers qu'ils accusent de ce racket, notamment grâce à la place d'immatriculation de leur véhicule qu'ils avaient relevée. Il s'agit, d'après La Voix du Nord, d'un titulaire et d'un ADS (adjoint de sécurité), qui forment un binôme patrouillant en uniforme de la PAF en centre-ville. Les vendeurs "ont fait cela pour se sentir en sécurité. Maintenant, ils n'ont plus peur la nuit et circulent librement. Ils ont confiance dans la justice", affirme Reham, leur traducteur, dans les colonnes du quotidien régional. Une information judiciaire a été ouverte et les policiers ont été présentés vendredi à un juge d'instruction. Le parquet a requis leur placement en détention provisoire, au vu de la gravité des faits.