Son voisinage décrit un homme "très poli et serviable", connu cependant pour ses "antécédents psychiatriques". Dimanche soir, aux cris de "allahou akbar", cet homme d'une quarantaine d'années a fauché délibérément et blessé onze personnes dans le centre-ville de Dijon. Voici que l'on sait sur cet homme qui restait en garde à vue lundi à Dijon.
>> Un profil psychiatrique très lourd
C'est dans une résidence modeste de quatre étages du centre de Dijon, en face du parc de la Colombière, que le suspect vit avec ses parents. "Ce sont des gens très bien et discrets. Leur fils, qui aura 41 ans début janvier "a des problèmes psychiatriques", ont confié des voisins. Il est né en France, à Strasbourg, et est de nationalité française. Sa mère est algérienne, son père marocain. La famille est en France depuis longtemps et s’est installée à Dijon depuis l’an 2000.
Selon les riverains, le quadragénaire, qui est "un solitaire" a "fait des allers-retours à la Chartreuse", un hôpital psychiatrique de la ville. Au total, 157 passages psychiatriques entre 2001 et novembre 2014 (de quelques heures pour les plus courts à 43 jours entre mai et juin 2013). La procureure de Dijon Marie Christine Tarrare a établi qu'il était sujet à "une psychose ancienne à délire mystique" et qu'il avait aussi connu une période de "toxicomanie".
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Une information confirmée plus tôt sur Europe 1 par le préfet de la Côte-d’Or et de la Bourgogne. "Cette personne a incontestablement un profil psychiatrique assez lourd", a expliqué le haut fonctionnaire, Éric Delzant. "Il a fait l'objet d'hospitalisation libre au centre spécialisé de la Chartreuse à Dijon. Il était suivi, il avait des traitements. On peut donc parler de quelqu'un qui était probablement assez déséquilibré", a-t-il précisé. En outre, l'homme était connu des services de police pour des faits de délinquance commis dans les années 90.
"Toujours en jogging, casquette et en baskets". "Mais il est toujours très poli et serviable quand on le croise", ont souligné ses voisins, "choqués" par le drame de dimanche soir. Selon eux, il aurait un "travail social adapté à son handicap". "Il est toujours en jogging, casquette et en baskets", s'étonnent ses voisins, alors qu'il portait une djellaba au moment de son interpellation.
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Ces derniers soulignent également que ni lui, ni ses parents "ne portent de signes religieux" ou "ont exprimé des opinions" concernant la religion musulmane qu'ils pratiquent notamment pour le ramadan. "La mère, qui est âgée, n'a jamais porté le voile", ont-ils renchéri. Il a été précisé que le chauffard a, comme voiture personnelle, "une Renault Clio noire" pour "faire ses courses", celle qu'il conduisait lors du drame.
>> Un casier judiciaire sans trace de condamnation, mais...
Pénalement, il est connu pour des faits anciens : un vol de véhicule en 1992 et un vol avec arme en 1996. Aujourd’hui, son casier judiciaire ne porte pas trace de condamnation, la seule condamnation qui figure ressort de la juridiction helvétique. En 2008, il avait été épinglé pour avoir facilité l’entrée de quelqu’un sur le territoire suisse.
Cazeneuve appelle à "la prudence". Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, s'est rendu à Dijon au lendemain du drame, lundi matin. Il a appelé chacun "à la prudence, en précisant que les motivations du conducteur ne sont "pas établies" avant de demander "à ne pas tirer de conclusions hâtives" sur ce drame qui s'est produit au lendemain de l'agression de trois policiers par un homme qui aurait crié "allahou akbar" à Joué-lès-Tours.
>> Pas de lien avec une organisation terroriste
Bien lui en a pris, puisque les premiers pas des enquêteurs sur le chauffard dijonnais ont permis d'estimer qu'il n'a pas agi dans un but terroriste."Oui, il portait une djellaba lors de son interpellation", a déclaré la procureure. Pour autant, elle affirme "qu'il ne s'agit pas d'un acte terroriste". L'homme aurait été touché par le sort des enfants tchétchènes à l'approche de Noël et voulait "s'en prendre à l'état français". Il a aussi été établi qu'il n'avait pas Internet chez lui, et lui affirme qu'il n'était pas au courant de l'agression de Joué-lès-Tours.
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