L'INFO. Les enquêteurs tiendraient-ils enfin une piste dans l'affaire de la disparition de Fiona ? Cinq personnes sont inquiétées dans cette affaire. La mère, le beau-père de la fillette de 5 ans, disparue le 12 mai 2013 dans un parc de Clermont-Ferrand ainsi qu'un proche du beau père et deux autres personnes ont été placés mardi soir et mercredi en garde à vue. Cécile Bourgeon, 25 ans, et Berkane Maklouf "sont en garde à vue depuis 18h15" à Perpignan, où ils se sont installés récemment et où est basée la famille de la mère. Une connaissance du beau-père de l'enfant et deux autres personnes ont quant a elles été placées en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire de Clermont-Ferrand.
Pourquoi ces gardes à vue ? L'entourage du beau-père de Fiona, connu pour être un consommateur de drogue et lié à des trafics de stupéfiants, interpelle les enquêteurs. Par ailleurs, le couple était sur écoute depuis plusieurs semaine et il semble que les enquêteurs aient attendu l'accouchement de Cécile Bourgeon avant d'agir. Mardi soir, une perquisition a eu lieu dans l'appartement loué par le couple dans un quartier populaire du nord de Perpignan. Les enquêteurs, qui souhaitaient vérifier l'emploi du temps du couple le 12 mai dernier, jour de la disparition de Fiona, sont restés dans l'appartement jusqu'à 23h30 heures. Les gardes à vue se poursuivent mercredi. Les enquêteurs veulent en effet réentendre la version des faits du couple. Leur avocat est arrivé sur place dans la matinée.
Son avocat surpris par cette annonce. "Je ne m'attendais absolument pas à ce qu'une garde à vue intervienne et qu'une mesure de cette nature soit prononcée à l'encontre de ma cliente", a assuré mardi Me Gilles-Jean Portejoie, avocat de la mère de Fiona. "Ceci étant, la garde à vue est une mesure simplement conservatoire. "Il faut gérer cela avec calme, sang-froid et sérénité", a-t-il tempéré. "J'attends de savoir ce qu'il y a de nouveau pour justifier un tel renversement de statut puisque ma cliente, jusqu'à présent, s'était constituée partie civile en qualité de victime. J'attends avec impatience de connaitre les éléments qui ont fait bouger le positionnement du juge", a poursuivi le conseil. Cécile Bourgeon "est sereine", a-t-il ajouté mercredi avant d'entrer dans l'hôtel de police pour conseiller sa cliente au cours de la deuxième séance d'interrogatoire.
Les faits. Fiona a disparu le 12 mai aux alentours de 17 heures, alors qu'elle jouait avec sa petite sœur de deux ans. Leur mère, enceinte de six mois, s'était assoupie une vingtaine de minutes sur un banc du parc de Montjuzet, sur les hauteurs de Clermont-Ferrand. Bien que la piste de l'accident se soit vite évanouie après les recherches infructueuses dans ce parc escarpé de 25 hectares, une procédure "alerte-enlèvement" n'avait pu être activée en l'absence de témoignage concret. A l'époque, le procureur de Clermont-Ferrand avait assuré qu'il "n'y avait pas de raison de mettre en cause la parole de la mère".
Dans un premier temps, l'enquête s'était concentrée sur l'entourage de sa mère, notamment sur un Algérien de 34 ans contre qui elle avait porté plainte un an plus tôt pour "viol et séquestration". Cécile Bourgeon a d'ailleurs été entendue début septembre dans cette affaire comme partie civile par une juge d'instruction de Clermont-Ferrand. Le parquet avait alors présenté cette affaire comme "distincte" de la disparition de Fiona.
De nombreux témoignages et aucune piste. Depuis quatre mois, les enquêteurs ont aussi épluché les centaines d'appels reçus sur le Numéro Vert national (0800 958 081) mis en place au lendemain de la disparition, et situant Fiona aux quatre coins du pays. Parmi ces témoignages, en juin, une femme assurait avoir aperçu l'enfant sur une plage de Perpignan, où vit sa grand-mère. Cet été, un enfant disait également avoir vu "un homme bizarre" dans le parc de Montjuzet, le soir de la disparition de Fiona. Mais il s'agissait d'un témoignage indirect, et recueilli plus de deux mois après les faits.
La mère "déçue" se sentait "abandonnée". En août, Cécile Bourgeon se disait "un peu déçue" par ces témoignages qui "n'ont abouti à rien", et confiait à La Montagne qu'elle se sentait "un peu abandonnée". Son avocat, Me Portejoie, expliquait de son côté partager avec sa cliente "la théorie de l'enlèvement par quelqu'un qui ne serait pas fiché", et décrivait la mère comme "remarquable de dignité, de courage". Le parquet de Clermont-Ferrand a ouvert le 14 mai une information judiciaire pour "enlèvement et séquestration", confiée à deux juges d'instruction. La mère de Fiona s'est constituée partie civile pour avoir accès au dossier, de même que le père de la fillette, Nicolas Chaloufais, dont elle dit être sans nouvelles depuis plus d'un an, ainsi que son nouveau compagnon, père de son troisième enfant.