Les "disparues de la gare de Perpignan" puis les "disparues de Perpignan". Dans la cité catalane, une affaire criminelle semble en chasser une autre. Alors que l'affaire des disparues de la gare de Perpignan semble s'approcher d'un dénouement près de 20 ans après les faits, un autre dossier de disparition survenue plus récemment, à l'été 2013, est relégué pour un temps au second plan.
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"Les disparues de Perpignan", ce sont Marie-Josée Benitez et sa fille Allison. Deux femmes qui n'ont plus donné signe de vie depuis le 14 juillet 2013. Aujourd'hui, les enquêteurs sont convaincus qu'il s'agit d'un crime et le suspect numéro un, leur mari et père, Francisco Benitez, s'est suicidé. Les disparitions de trois jeunes femmes autour de la gare dans les années 1990 et celles d'une mère et de sa fille, dans un contexte de drame familial, n'ont a priori aucun lien.
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Pourtant, l'affaire Benitez avait brièvement suscité une forme d'espoir dans la quête de vérité des familles des disparues de la gare. Explications.
La disparition de Marie-Josée et Allison… L'affaire Benitez débute le 14 juillet 2013. Ce jour-là, Francisco Benitez, légionnaire à la retraite signale à la police de Perpignan la disparation de sa femme Marie-Josée et de sa fille Allison. Selon ses propos, toutes deux avaient quitté le domicile familial le jour-même après une dispute conjugale. Premier tournant dans cette affaire, le père est retrouvé pendu le 5 août 2013, en tenue militaire, sur son lieu de travail. La veille, Francisco Benitez avait confié son désespoir dans une dernière vidéo.
Un mois et demi après leur disparition, les enquêteurs parviennent finalement à isoler l'ADN d'Allison Benitez dans un congélateur du père et dans un dans un lave-linge sur le lieu de travail de ce dernier. Dès lors les enquêteurs n'ont plus guère de doute sur le caractère criminel de cette disparition et l'implication du père de famille. D'autant que ce dernier a été entendu par le passé, en 2004, sur la disparition de sa maîtresse d'alors. Depuis, malgré de nombreuses campagnes de fouilles lancées dans la région, les corps de la mère et de sa fille restent introuvables.
Benitez, tueur de la gare ? "Le légionnaire Benitez a-t-il un lien avec les meurtres de femmes commis à Perpignan dans les années 90 ?". Comme la journaliste de Libération Patricia Touranchaud dans un article publié en septembre 2013, nombre de personnes se sont posées cette question. A commencer par les enquêteurs. En 2013, une nouvelle expertise de scellés prélevés sur les scènes de crime des disparues de la gare a permis d'isoler deux ADN masculins inconnus. Des comparaisons ont été effectuées avec les profils génétiques des principaux suspects dans ce dossier sans qu'une concordance ne soit établie.
Afin de lever toute forme de doute, l'ADN de Francisco Benitez a également été comparé : "les tests se sont révélés négatifs", écrivait à l'époque L'Indépendant. "Il y a eu une certaine déception à ce moment-là. Mais elle n'a pas été aussi forte que l'espoir que les familles ont connu dès lors que de l'ADN a été découvert", expliquait alors leur avocat, Me Etienne Nicolau, dans les colonnes du journal régional.
L'hypothèse a fait long feu. L'affaire Benitez avait tout de même permis d'exhumer le dossier des disparues de la gare, notait encore Patricia Tourancheau dans son article consacré aux analystes criminels de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP). Mais ces "experts" ne trouvaient "pas de correspondance" entre le profil du légionnaire et celui du meurtrier de la gare de Perpignan. Le chef de l'office expliquait ainsi que ses analystes "pensaient fermement qu’un même tueur en série a agi entre 1995 et 1998 à Perpignan, avec des modes opératoires différents, ciblant des inconnues correspondant à son style de femmes, dans sa zone de chasse autour de la gare. Un frustré du sexe qui se venge en découpant leurs parties génitales".
A contrario, ces mêmes experts décrivaient Francisco Benitez comme un "grand séducteur" qui a pu "tuer par contrariété des femmes qu’il connaît bien, dans un contexte intime, lorsqu’elles veulent le quitter". L'enquête a de plus prouvé que le militaire ne se trouvait pas dans la région à l'époque des trois disparitions…
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L'arrestation d'un quinquagénaire qui a avoué jeudi le meurtre de Mokhataria Chaïb, la seconde disparue, vient peut-être, plus d'un an après, de donner raison aux "experts Perpignan".