L'info. L'homme de 54 ans placé en garde à vue par le SRPJ de Montpellier dans l'affaire des disparues de Perpignan a reconnu le meurtre de Mokhtaria Chaïb, l'une des trois "disparues de Perpignan", l'une des affaires criminelles les plus mystérieuses de ces dernières décennies. La victime, une étudiante en sociologie de 19 ans avait été retrouvée mutilée le 21 décembre 1997, au lendemain de sa disparition près de la gare de Perpignan. Le suspect sera donc mis en examen pour "viol avec armes en récidive avec assassinat", a déclaré le procureur de Perpignan Achille Kiriakides. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité.
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Le profil. Selon Midi-Libre, le suspect passé aux aveux serait originaire de Hailles, dans la Somme, et aurait confirmé sa présence à Perpignan à l'époque des crimes de Mokhtaria Chaïb et de Marie-Hélène Gonzalez, dont les corps mutilés ont été retrouvés en décembre 1997 et juin 1998. L'homme était arrivé en 1997 juste quelques mois avant les faits à Perpignan où il était cariste-magasinier par intérim. A l'époque, il logeait dans différents hôtels de la ville et avait fait partie de la centaine de suspects lors de l'enquête lancée après la découverte du corps.
Des vêtements étrangers avaient été saisis chez lui mais les analyses n'avaient rien donné. Homme au lourd passé de délinquant sexuel, il avait notamment été condamné à huit ans ferme pour le viol d'une femme en Picardie. En octobre dernier à Perpignan, il avait écopé d'un an pour des menaces de mort sur sa concubine, la mère de ses deux enfants. Il avait été libéré après neuf mois de prison, d'où il était sorti en juillet dernier. "A priori, il ne semble pas avoir agi en complicité avec quelqu'un", a précisé le procureur.
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L'enquête. L'homme a été retrouvé par les enquêteurs grâce à un nouveau type de test ADN qui a permis d'établir une concordance entre son profil et celui prélevé sur les chaussures de cette jeune fille. Mais l'ADN de la scène de crime étant dégradé, le rapprochement avec celui du suspect ne peut constituer une "identification formelle". Cependant, il aurait fait des aveux circonstanciés aux enquêteurs dans la soirée de mercredi à jeudi, après avoir été amené par la police sur les lieux du crime. Le patron de la SRPJ de Montpellier Gilles Soulier est revenu sur le long chemin qui a mené le suspect aux aveux, expliquant qu'il "a été très compliqué de l'amener à avouer". Déjà en charge de l'enquête il y a 17 ans, le policier a aussi fait part de son "énorme satisfaction". "Notre persévérance a fini par payer", s'est-il félicité.
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Un tueur en série ? Si ces aveux font la lumière sur la mort de Mokhtaria Chaïb, l'éventualité d'avoir affaire à un tueur en série reste en suspens. En effet, six mois après cette étudiante, le 26 juin 1998, Marie-Hélène Gonzalez, 22 ans, était retrouvée mutilée et décapitée. Elle aussi avait disparu près de la gare de Perpignan, dix jours auparavant. Une troisième jeune fille brune, Tatiana Andujar, lycéenne de 17 ans, avait auparavant disparu, en septembre 1995, dans le quartier de la gare. Elle n'a jamais été retrouvée. Le procureur a expliqué lors de la conférence de presse qu'il était encore "trop tôt pour se prononcer sur les autres cas". "Il faut laisser du temps au magistrat instructeur de poursuivre ses investigations", a-t-il poursuivi. Un élément laisse croire que le suspect ne sera pas mis en examen pour la disparition de Tatiana, survenue en 1995. En effet, l'homme était à ce moment-là en prison où il purgeait une peine de huit ans de réclusion criminelle pour viol.