L'INFO. Les soupçons autour d'un nouveau départ en Syrie se précisent. Et il s'agit, cette fois, d'un départ "massif". Du jamais vu en France. Les enquêteurs soupçonnent en effet onze membres d'une même famille d'avoir quitté la région niçoise pour partir faire le djihad. En raison d'un "faisceau d'indices" attestant la piste d'un départ en Syrie, la section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert mardi une enquête préliminaire sur la disparition de cette famille. Europe 1 vous résume ce que l'on sait sur le profil de cette famille.
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Sept adultes et quatre enfants. Cette famille est composée aussi bien de musulmans que de convertis. On trouve au cœur de cette affaire une grand-mère musulmane et ses trois enfants. Viennent ensuite "les pièces rapportées" : les conjoints, qui se sont convertis, et leurs enfants, âgés de sept à six mois. Au total, sept adultes et quatre enfants, qui se sont radicalisés ces deux dernières années, en mars 2012 plus précisément, au moment de l'affaire Merah, selon un proche.
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Le drapeau de l’État islamique dans le salon. Selon nos informations, le garçon de la famille, prénommé Oussama, s'était fait remarquer par sa radicalisation. Son épouse, d'origine italienne, baptisée catholique, s'est convertie avant, progressivement, de se radicaliser. Ivano Sovieri, le père de cette jeune femme, s'est confié à Nice Matin et à La Croix. Il raconte comment il a assisté, impuissant, à la radicalisation de sa fille, âgée de 27 ans. Il décrit, épouvanté, l'apparition soudaine du drapeau de l'Etat islamique, accroché chez eux. Et la réponse de son petit-fils, âgé de 7 ans, qui, à la question "qu'est-ce que tu veux faire plus tard ?", lui avait répondu : "djihadiste".
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Les meubles vendus. Les inquiétudes d'Ivano Sovieri se précisent quand, la semaine dernière, il apprend sur Facebook que sa fille se trouve en Turquie. Dans un message publié sur le réseau social, la famille se félicite d'être passée en Turquie, porte d'entrée pour la Syrie. Le père de la jeune femme se rend alors à l'école des petits-enfants, où il apprend que ces derniers ne s'y trouvent pas. Il déboule ensuite à leur domicile, où il découvre un logement ouvert, mais vidé de nombreux meubles. Les enquêteurs soupçonnent ainsi la famille de les avoir revendus pour financer leur voyage en Syrie.
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Des messages Facebook inquiétants. Depuis, le couple s'est vanté, toujours sur les réseaux sociaux, d'être passé en Syrie. Ce que les services de renseignement tentent de vérifier. Le procureur de Paris a ouvert hier une enquête préliminaire pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", Les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure tentent donc de savoir si cette "famille" est partie combattre, ou plus sobrement, vivre et s'installer dans la région.
Nice, foyer de présumés djihadistes. La région Niçoise est un foyer actif de départs vers la Syrie. L'un des principaux "recruteurs", Omar Diaby, toujours présent en Syrie, en est par exemple originaire. Le maire de Nice, Christian Estrosi a donc demandé aux autorités françaises de redoubler d'effort pour empêcher que de telles affaires se produisent. "Oussama est quelqu'un d'extrêmement dangereux. Je suis surpris, alors que les services étaient alertés de son possible départ vers la Syrie, qu'aucune mesure n'ait été prise pour empêcher ces faits. Je demande que tout soit mis en œuvre pour qu'on agisse", a-t-il réagi au micro d'Europe 1.
Selon les derniers chiffres donnés mercredi matin par le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, 350 Français sont actuellement en Syrie. Parmi eux, 76 femmes et neuf mineurs.