Des "coups de feu", la "panique". Une serveuse du restaurant "Le Bougnat", situé juste en face de l'épicerie casher de la porte de Vincennes, théâtre d'une prise d'otages, a assisté à la "fusillade" vendredi matin. "Il y a eu une fusillade, on a entendu des coups de feu, j'ai fait rentrer mes clients", raconte-t-elle. Encore sous le choc, plusieurs témoins nous ont raconté ce qu'ils avaient vu.
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"Y'a un fou, y'a un fou". Mohamed, gérant d'une station service voisine de l'épicerie, raconte avoir "entendu un bruit". "On a cru à un accident de voiture", puis "il y a eu un deuxième bruit, un peu plus intense". "Là, on est sortis, on a vu des gens courir en disant 'y'a un fou, y'a un fou'". "On a senti une odeur de poudre", ajoute-t-il, indiquant avoir appelé à la police.
Mohamed explique aussi avoir "vu quelqu'un sortir de l'épicerie avec les mains en l'air et quelque chose dans la main". "Les policiers l'ont forcé à se coucher par terre. Ils l'ont pris, l'ont ramené vers eux. Apparemment, il y avait quelque chose par terre, je ne sais pas si c'était un pistolet, j'en sais rien, je ne peux pas le confirmer. Et puis, il y a eu un autre coup de feu".
Des images filmées par Mohamed montrent l'arrestation d'un homme par les forces de police ainsi que le déploiement de ces dernières sur le secteur qui a été bouclé. On ne sait pas pour le moment s'il s'agit d'un preneur d'otage ou d'un employé du magasin où a lieu l'attaque, puisque la personne est sortie du magasin les mains en l'air :
Un peu plus tard, Mohamed raconte que "cela s'est un peu calmé". "Tous les policiers qui étaient là auparavant sont partis, ils sont remplacés par la BRI", souligne-t-il, notant que les forces de l'ordre, "lourdement armés", "sont en train de quadriller la zone". "Ils sont beaucoup moins nombreux que tout à l'heure", ajoute Mohamed, poursuivant : "on n'entend plus rien, on arrive un peu à sortir dehors. Dans l'ensemble, on dirait qu'il n'y a rien".
"Quand le forcené est rentré, il était au téléphone avec sa femme". Une femme nous raconte que son cousin a réussi à s'échapper de l'épicerie casher. "Au moment où le forcené est rentré, il était au téléphone avec sa femme", explique-t-elle. "Il lui dit : 'il y a un taré qui vient de rentrer avec un flingue' et ensuite coups de feu de partout et n'a plus de nouvelles...", raconte cette femme qui se dit "très en colère". Son cousin, blessé, a été transféré à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre.
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"Une de mes clientes a fait un malaise". La serveuse du restaurant "Le Bougnat" indique de son côté avoir vu "la police dans tous les sens". "Depuis, rien ne se passe", les forces de l'ordre "sont face à l'Hyper Casher", décrit-elle. "Les gens ont été paniqués mais j'ai fait rentrer les clients de la terrasse à l'intérieur. Les gens ont peur, une des mes clientes a fait un malaise. Mais maintenant, ils restent tranquilles, ils appellent leurs familles".
Anna Bella a elle aussi assisté à la scène. "J'ai commencé à voir des gens courir et me dire 'mademoiselle rentrez vite, rentrez vite...il y a encore un attentat…'". Sur place, "il y a les pompiers, il y a la police, il y a le Samu, il y a tout le monde, ils sont arrivés aussitôt". "Ça a été tellement vite que l’on a rien vu, juste les gens qui courraient partout", poursuit-elle, des sanglots dans la voix. Elle a "vu une dame qui criait 'au secours, au secours, il y a quelqu’un qui tire, alors cachez-vous, cachez-vous''. Puis, elle a "commencé à marcher vite, vite, pour rentrer à la maison".
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"Ce ne sont pas des musulmans". Deux riveraines habitant au-dessus de l'épicerie casher ont également témoigné. Une femme musulmane explique qu'elle s'apprêtait à partir à un enterrement. "Mon neveu a appelé pour dire : 'je ne vais pas venir parce que je suis à côté de chez Tata Malika. Il y a la police qui a encerclé, il y a quelqu’un qui est dans la boulangerie'". La voix brisée, elle dénonce : "ils disent que ce sont des musulmans, ce ne sont pas des musulmans ça. Chez nous, c'est interdit dans la religion, il ne faut pas s'en prendre aux gens, c'est interdit sur le Coran. "Ce sont des terroristes, ils ont grandi en France, ils savent que si on les rattrape, on va les griller".
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"Ce qui est à la télé devient réel". Une autre riveraine, qui "voit l'entrée de l'Hyper Casher" depuis sa fenêtre, raconte que "tous les policiers qui sont à proximité sont cachés derrière des véhicules et ils sont armés". "Pour les autres, il y a des voitures stationnées à une centaine de mètres. Il y en a énormément.". "Je peux vous dire que c'est vraiment bloqué de partout", confirme-telle, décrivant l'"énorme camion noir avec écrit BRI-Police" qu'elle voit depuis sa fenêtre. Elle dit aussi avoir appelé police-secours "pour savoir s'il fallait évacuer les lieux an cas de déflagration". "Ils nous ont dit qu'ils n'avaient pas connaissance d'une bombe sur les lieux", poursuit-elle, ajoutant : "je suis avec un bébé, c'est le stress, ce qui est à la télé devient réel, c'est en bas de chez nous, c'est choquant".
Samy, lui, "espère que les otages sortiront indemnes" et confie être "franchement un peu paniqué". "J'ai dû aller chercher ma fille à l'école car ils nous ont appelés pour qu'on vienne les chercher". "L'état de panique est général, on a peur mais en même temps, on essaie d'avoir le moral, on n'a pas à céder à toute cette panique là", ajoute-t-il.
"On nous a demandé ne pas être devant les fenêtres". Golda, elle, a été surprise par l'attaque alors qu'elle s'apprêtait à faire ses courses à l'épicerie. Elle était "à 50 mètres du magasin quand [elle a] vu des policiers de partout". "Au départ, j'ai cru que c'était juste une protection par rapport à ce qui s'est passé à Charlie Hebdo". "J'ai entendu une rafale de mitraillette ou de kalachnikov et donc, on, s'est précipité à Speedy. On nous a demandé ne pas être devant les fenêtres". "Tout ce qu'on peut voir, c'est que la police se met en position. On ne sait pas combien de temps ça peut durer", raconte-t-elle.
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