De la simple rumeur au faits divers, l'affaire des clowns dans le nord de la France a pris un nouveau tour vendredi. Un jeune homme de 19 ans a été interpellé vendredi après avoir semé le trouble, grimé en "Bozo", dans les rues de Douvrin, dans le Pas-de-Calais. Placé en garde à vue prolongée, il devait être jugé en comparution immédiate lundi par le tribunal correctionnel de Béthune pour "violences avec armes avec préméditation". Retour sur une rumeur peut-être plus vraie que nature.
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Un enfant de 6 ans et un groupe d'ados. La folle équipée du clown de Douvrin débute vendredi soir vers 22 heures. Le prévenu sort de chez lui, le visage noirci au bouchon de liège brulé, affublé d'une perruque et d'un accoutrement coloré. Il fait tout de suite une première "victime" : son petit voisin âgé de 6 ans, qu'il épouvante. L'enfant n'en dormira pas de la nuit, selon La Voix du Nord. Puis, il poursuit son chemin jusqu'à un parc de la ville. Là, le clown s'empare d'un bout de bois pour matérialiser une arme et s'attaque cette fois à un groupe d'adolescents. Apeurée, la petite bande prend ses jambes à son cou direction la friterie la plus proche, Nord oblige.
Face-à-face au pistolet d'alarme. "Les jeunes m’ont dit : Willy, Willy, il y a un clown dans le parc, il nous court après avec un couteau !", raconte le patron la friterie dans les colonnes du quotidien régional. Ce dernier, aidé de deux de ses clients, prennent en chasse l'homme déguisé. La course-poursuite s'arrête nette devant le domicile de l'épouvantail. Mais l'histoire dégénère quand le clown brandit un pistolet d'alarme qu'il a eu le temps de récupérer à son domicile.
Le patron est lui aussi armé d'une arme similaire, qu'il dégaine à son tour. Le face à face à haute tension est interrompu à temps par la police qui interpelle les deux hommes. En garde à vue, le clown reconnait les faits mais ne parvient pas à expliquer les raisons qui l'on poussé à agir de la sorte. "Il n'a pas bien compris la portée de ses gestes", explique le parquet de Béthune.
Une semaine de psychose, trois plaintes. Cette affaire n'est pourtant pas anodine. Elle survient en pleine psychose autour d'agressions commises par des clowns armés et rodant autour des collèges et lycées. Dans les heures qui précédaient la folle soirée de Douvrin, les autorités minimisaient ces faits et cherchaient l'apaisement. Joint par Europe1, le procureur de la République de Douai, Eric Vaillant, expliquait ainsi qu'il n'y avait alors que trois plaintes déposées, lundi, mardi et mercredi dernier.
"Aucun fait réel constaté" jusqu'à vendredi, selon la police. Une plainte était jugée comme plus grave que les autres : celle d'une adolescente qui dit avoir été menacée par un clown armé devant une école. Même s'il assurait que l''affaire était prise au sérieux, le magistrat estimait comme "disproportionné" l'emballement autour de l'affaire. "Personne n'a été blessé", insistait-il. Même son de cloche, du côté de la police nationale qui publiait le même jour un communiqué visant à "mettre fin à la rumeur", en assurant "qu'aucun fait réel n'a été constaté à ce jour".
La rumeur pourrait-elle faire des émules ? C'est ce que l'on peut craindre et il ne serait pas surprenant de voir le tribunal correctionnel de Béthune prendre une sanction exemplaire à l'encontre du clown de Douvrin.