L'affaire relancera-t-elle le débat ? A Bayonne, un médecin-urgentiste soupçonné d'avoir pratiqué l'euthanasie active sur au moins quatre de ses patients a été mis en examen vendredi. De quoi relancer le débat sur cette épineuse question censée être réglée avec la loi Léonetti de 2005, qui instaure un droit au "laisser mourir", favorisant les soins palliatifs.
"Si cette loi était bien appliquée, on aurait certainement moins de situations venant défrayer la chronique", a décrypté pour Europe 1 le Dr Régis Aubry, qui préside l'Observatoire national de la fin de vie. "Ce qui fait débat aujourd'hui, c'est la question de l'euthanasie à la demande de la personne", a-t-il tenu à clarifier, appelant à ne pas confondre cette question avec "le fait de donner la mort à quelqu'un qui ne le demande pas, au motif qu'il est malade, fragile, vulnérable, vieux ou dément".
Euthanasie "active" et "passive"
Pour l'heure, la loi Léonetti permet l'euthanasie "passive", c'est-dire que dans certains cas, il est possible d'arrêter les traitements et d'administrer des médicaments antidouleurs, à des doses possiblement mortelles. L'euthanasie dite "active" n'est quant à elle légale que dans deux pays européens, les Pays-Bas et la Belgique.
Dans Sud Ouest, Jean Léonetti, qui a donné son nom à la loi de 2005, réfute quant à lui toute différence entre euthanasie passive et active. Il estime qu'il est "illégal" de "donner délibérément la mort au patient, que ce soit à sa demande ou non". Valérie Pécresse, porte-parole du gouvernement, a estimé que cette loi de 2005 "n'est pas toujours forcément bien appliquée à l'hôpital". "Il faut appliquer cette loi et développer les soins palliatifs", a-t-elle martelé.
Procès de 2007
Mais nombreux sont ceux qui jugent le texte insuffisant. Le débat avait notamment été relancé en 2007, lors du procès d'un médecin devant les assises de la Dordogne. Laurence Tramois, médecin reconnue coupable d'euthanasie active sur une malade, avait été condamnée à un an de prison avec sursis, sans inscription dans son casier judiciaire. Avant le procès, plus de 2.000 soignants avaient signé un appel pour demander la légalisation de l'aide à mourir active.
Le médecin mis en examen à Bayonne, lui, a dit ne pas regretter son geste. Et il a souhaité, par la voix de son avocat, que "l'omerta sur ce qui entoure la fin de vie soit levée".