L’INFO. Il était visiblement prêt à tout pour se faire la belle. Un détenu s'est évadé mercredi en milieu de matinée à Nantes dans un véritable déchaînement de violence, en suivant un scénario minutieusement préparé. L'homme a prétexté avoir un problème à la cheville afin de bénéficier d'une extraction médicale, en l’occurrence une consultation au CHU de Nantes. Mais arrivé sur place, dès sa sortie du fourgon, il a sorti une lame de cutter et s'est jeté sur les trois gardiens qui l'accompagnaient, avant de s'enfuir. Il est toujours recherché.
Des coups de cutter. "Il les a agressés au visage, aux mains et à la jambe", raconte, au micro d'Europe 1, Samuel Gauthier, secrétaire de la CGT du centre pénitentiaire de Nantes. "Il a réussi à s'enfuir et un collègue l'a poursuivi jusque dans la rue où le détenu a semblé vouloir prendre en otage un automobiliste pour lui voler son véhicule", poursuit le syndicaliste. "Le collègue a tenté de le maîtriser et a reçu de nouveaux coups de cutter. Le détenu a cette fois réussi à s'enfuir en montant sur un scooter. L'enquête le déterminera, mais nous pensons qu'il s'agit d'un complice extérieur qui l’attendait pour se faire la belle", précise Samuel Gauthier. Pourquoi a-t-il tenté de voler un véhicule ? L’hypothèse privilégiée mercredi soir est celle d'un cafouillage dans ce plan bien huilé : l'homme au scooter ne se serait pas trouvé devant la bonne sortie de l'hôpital.
Un détenu dangereux. L'individu, âgé de 26 ans, a été condamné l'an dernier à 10 ans de prison par la cour d'assises de Brest pour tentative d'assassinat, après une fusillade dans un cybercafé sur fond de règlements de compte lié à un trafic de drogue. Plus récemment, selon les informations recueillies par Europe 1, cet homme, "particulièrement signalé", aurait été mis en examen pour tentative d'assassinat, cette fois à la prison de Rennes, après une agression au couteau sur un co-détenu.
La colère des surveillants. Deux des fonctionnaires agressés ont dû être opérés dans l'après-midi. Leurs jours ne sont pas en danger. La colère montait mercredi soir dans les rangs de trois syndicats de surveillants pénitentiaires qui ont appelé au blocage. Ils réclament la révision de leur niveau d’escorte. Interrogé par Europe 1, Samuel Gauthier, syndicaliste à la CGT ne comprend pas que ce détenu, considéré comme potentiellement dangereux, n'est pas été accompagné de policiers armés.
"Il y aura une enquête pénitentiaire et judiciaire qui devront déterminer s'il y a eu une erreur et à quel niveau. L'idée est de savoir si l'escorte était suffisante au regard du profil de ce détenu qui avait un passé judiciaire sérieux", commente le syndicaliste. En attendant, une centaine de fonctionnaires bloquent la maison d'arrêt de Nantes depuis jeudi matin. La porte est en effet bouchée par des pneus et des palettes. Ils réclament que les mouvements de détenus soient systématiquement accompagné de policiers armés. Mais rien que pour les transferts médicaux, leur nombre s'élève de 8.000 à 11.000 par an. Trouver autant d'escortes serait donc compliqué.