L'INFO. Cet homme incarne les excès de Wall Street et de la crise financière de 2008. Le Français Fabrice Tourre, ex-courtier de la banque américaine Goldman Sachs, a été reconnu coupable de six chefs d'inculpation sur sept, jeudi à New York, lors de son procès face au gouvernement américain. Il était accusé notamment de fraude boursière, de gains illicites, de négligence et de tromperie intentionnelle, ou encore d'avoir aidé Goldman Sachs à commettre des infractions.
Fabrice Tourre risque une forte amende et la restitution des gains mal acquis, assortis d'une interdiction d'exercer des fonctions liées aux marchés.
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Que s'est-il passé ? Début 2007, Fabrice Tourre, surnommé "Fabulous Fab", ou "Fab le fabuleux", conçoit chez Goldman Sachs un placement baptisé "Abacus", basé sur des dérivés d’emprunts immobiliers à risque, des subprimes. Sauf que le Français a oublié de préciser aux acheteurs que le fonds spéculatif Paulson en avait influencé le contenu et qu'il spéculait à la baisse dessus. Parmi les acheteurs d’Abacus figurent de "gros poissons" : la banque allemande IKB, première victime de la crise des subprimes outre-Rhin, ainsi que la Néerlandaise ABN Amro. Le régulateur boursier américain (SEC) avait porté plainte contre Fabrice Tourre et son ex-employeur en mai 2010, les accusant d'avoir trompé ces investisseurs.
"Ceux qui ont commis des fraudes". La SEC a été vertement critiquée pour avoir été incapable d'empêcher la crise et de faire condamner des responsables financiers. Le gendarme boursier a donc salué ce jugement : "nous sommes heureux du verdict du jury qui a jugé M. Tourre coupable de fraude. Nous allons continuer à vigoureusement chercher à rendre responsable et à amener devant la justice si nécessaire ceux qui ont commis des fraudes à Wall Street", a commenté le régulateur boursier américain dans un communiqué. "Comme le démontre ce verdict, nous avons prouvé que M. Tourre" lorsqu'il travaillait chez Goldman Sachs "a conçu un produit financier complexe qui était secrètement destiné à maximiser la probabilité que sa valeur s'effondre, et l'a vendu aux investisseurs sans leur dévoiler" des éléments clés de ce produit, ajoute la SEC.
Un accord avec Goldman Sachs. Cette semaine, "Fabulous Fab" a comparu seul devant la justice américaine : son ancien employeur a lui aussi été visé par une plainte de la SEC. Mais Goldman Sachs a préféré passer un accord à l’amiable pour un montant de 550 millions de dollars en 2010.