Les détenus du centre pénitentiaire de Fresnes, identifiés comme islamistes radicaux, ont été regroupés dans une seule partie de l'établissement. Selon plusieurs sources concordantes, ce dispositif est mis en place à titre expérimental dans cette prison du Val-de-Marne.
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Empêcher les recrutements. Selon des informations d'Europe 1, depuis plusieurs mois, on entendait des appels à la prière dans la prison. Les surveillants ont pu aussi constater que les détenus islamistes radicaux faisaient du prosélytisme, en mettant en avant des sortes de "chefs de guerre". Ces derniers, souvent des jeunes revenus de Syrie, étaient mis en avant pour impressionner et recruter des détenus influençables ou isolés.
Le directeur de la prison de Fresnes a donc décidé depuis le 15 octobre de regrouper sur le même étage la vingtaine d'islamistes que compte l'établissement, le but étant de limiter leur influence.
Un test seulement. La Chancellerie a indiqué que "la question des regroupements (était) à l'état de réflexion", mais qu'aucune communication n'était prévue "à l'heure actuelle". Selon les informations d'Europe 1, il pourrait y avoir un autre test prochainement en Île-de-France. Un premier bilan de ce dispositif remontera à la Chancellerie d'ici à la fin de l'année.
Refus de réintégrer leurs cellules. En réaction à ce regroupement, douze détenus, considérés comme radicaux, ont refusé vendredi de réintégrer leur cellule après une promenade.
Huit sont finalement remontés, mais quatre se sont obstinés. L'un d'entre eux s'en est même pris à des surveillants, blessant légèrement deux d'entre eux. Les quatre détenus qui se sont entêtés à ne pas réintégrer leur cellule ont été placés au quartier disciplinaire.
Surveillants blessés. Un détenu qui s'était déjà signalé vendredi a récidivé dimanche et blessé légèrement quatre surveillants.
Selon une autre source pénitentiaire, douze détenus ont de nouveau refusé de réintégrer leur cellule mardi à l'issue de la promenade, cette fois-ci par solidarité avec leur co-détenu qui avait agressé des surveillants dimanche.
Fresnes, un établissement réputé rigoureux. "On s'attendait à une réaction", commente une source pénitentiaire, sous couvert d'anonymat, rappelant que Fresnes a la réputation d'être un établissement aux règles de fonctionnement plus strictes que la moyenne.
Cela "leur donne de l'importance". Certains syndicats de personnel pénitentiaire regrettent la mise en place de ce regroupement. "Cela ne fait que créer un noyau dur et leur donner de l'importance", a estimé, au sujet du regroupement, Yoan Karar, secrétaire local du syndicat SNP-FO.
"Ils mettent des choses en place de façon forcée, sans concertation", a-t-il regretté, soulignant qu'aucun moyen supplémentaire n'avait été alloué au soutien de ce regroupement.
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