Le ministre de l'Intérieur a présenté mardi "toutes les excuses" de la gendarmerie après l'accident à Joué-lès-Tours où une camionnette de la gendarmerie a percuté la veille un groupe d'enfants, tuant une fillette et blessant grièvement six autres enfants. Deux d'entre eux étaient toujours dans un état critique mardi, et leur pronostic vital engagé. En revanche, tous les blessés légers avaient quitté l'hôpital mardi matin.
Claude Guéant et Luc Chatel ont rencontré mardi matin des familles de victimes et l'équipe pédagogique de l'école où était scolarisés la plupart du groupe des 23 enfants percutés lundi par la camionnette de la gendarmerie à un rond-point.
"Rien ne sera caché"
"L'enquête, je le dis clairement, se déroulera de façon absolument claire. Rien ne sera caché, tout sera fait pour que nous connaissions la vérité", a indiqué le ministre de l'Intérieur. Claude Guéant a précisé qu'il avait lancé dès lundi soir une enquête administrative "à la demande du président de la République", en complément de l'enquête judiciaire ouverte par le procureur de Tours.
Le ministre de l'Education s'est dit lui aussi "profondément bouleversé". Il a "rendu hommage au courage et à la dignité des familles" des victimes, avec lesquelles il s'est entretenu pendant environ une demi-heure. Les ministres se sont ensuite rendus, en toute discrétion, au chevet des jeunes victimes, regroupées à l'hôpital pour enfants Clocheville de Tours.
Les parents choqués
L'école primaire Mignonne, un bâtiment de deux étages situé dans le quartier populaire de la Rabière à Joué-les-Tours et qui scolarise près de 200 élèves, a accueilli normalement les écoliers mardi matin. Devant l'école, les visages étaient crispés et les parents parlent d'un choc pour toute une école et tout un quartier. "On est tous solidaires, hier très tard dans la nuit, quand la nouvelle du décès nous est tombée sur la tête, cela a été un choc", raconte au micro d'Europe 1 un parent d'élève.
La nuit a aussi été très dure aussi pour les enfants qui ont appris la mort de leur camarade. Le papa de Théo explique qu'il n'a pas pu mettre son enfant à l'école car il a pleuré toute la nuit. Une cellule psychologique a été mise en place à l'école pour les enfants qui souhaiteraient parler.
Le gendarme en garde à vue
Les causes de l'accident étaient encore floues mardi et le gendarme qui conduisait la camionnette a passé toute la nuit en garde à vue. Ce gendarme, un père de famille de 34 ans travaillant à la brigade de Loches en Indre-et-Loire, rentrait du G8 de Deauville lorsque l'accident a eu lieu. Il pourrait être mis en examen dans l'après-midi pour homicide et blessures involontaires, a indiqué le procureur de la République de Tours, Philippe Varin.
L'hypothèse d'un dérapage sur une plaque d'huile avait été évoquée lundi par les autorités, mais le procureur a affirmé mardi qu'à priori il n'y a pas de tâche d'huile".
Les premiers tests d'alcoolémie pratiqués sur le gendarme se sont révélés négatifs mais les résultats de la prise de sang étaient encore attendus. Il aurait assuré aux enquêteurs qu'il ne roulait pas à une vitesse excessive, mais qu'il aurait dérapé sur le trottoir. Il est dans un état psychologique épouvantable, selon le procureur.