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Pendant huit heures, les gendarmes qui entouraient le véhicule dans lequel trois personnes ont été abattues mercredi soir à Chevaline, en Haute-Savoie, n’ont pas repéré la présence d’une fillette de quatre ans, prostrée à l’arrière de la voiture. Elle était certes cachée sous des bagages et derrière les jambes de sa mère décédée. Mais la fillette s’est aussi sans doute rendue malgré elle invisible, explique François Ducrocq, psychiatre et spécialiste des chocs traumatiques.
Un risque de stress post-traumatique
"Il y a très souvent des réactions de stress dépassé, que les Anglo-saxons appellent de dissociations péri-traumatiques, qui font que l’enfant est complètement sidéré, pétrifié, congelé sur place, et peut, comme cela semble être le cas, ne présenter aucune manifestation sensorielle, ne pas parler, ne pas bouger", explique le spécialiste à Europe 1.
Une chose est sûre, malgré son jeune âge, la fillette sera marquée à vie par son traumatisme. "On a un adage en traumatologie, qui dit qu’il n’y a pas d’âge, aussi jeune soit-il, qui protège du traumatisme psychique", reprend François Ducrocq. "Le risque à moyen et long terme, il est que cette enfant présente une pathologie qu’on connaît bien, qu’on appelle le stress post-traumatique, au cours de laquelle des flash-backs, des cauchemars, des intrusions, des symptômes de répétitions peuvent subvenir de manière parfois très avilissante", prévient le médecin.
"Un travail thérapeutique forcément long"
La jeune victime ne pourra donc pas à l’avenir faire l’économie d’une thérapie. "Cette histoire est particulièrement extraordinaire de par sa violence", remparque le psychiatre. "Ce qui va être très aidant, c’est de récupérer un entourage familial, social affectif, un minimum de confort. Et après, il va y avoir un vrai travail thérapeutique, qui sera forcément très long", prévient François Ducrocq.
Actuellement, la fillette hospitalisée. Autour d’elle, des enquêteurs cherchent à déterminer les circonstances du drame. Mais cela ne devrait pas alourdir son traumatisme. "Les équipes ont l’habitude en général. Ils comprennent bien les enjeux de tout ça et sont très prudents", assure le médecin. "Mais de toute façon, il va falloir à un moment donné, et ce sera le rôle de la police, l’interroger directement sur les éléments qu’elle a pu voir, entendre…"