Ce n'était pas une affaire de violences conjugales comme les autres qu'examinait le tribunal correctionnel de Paris, jeudi. Mais un dossier avec une "inversion des rôles", impliquant une "femme bourreau et un homme victime", d'après les mots de la procureur Aurélie Belliot.
Huit opérations. Coups, brûlures de cigarettes ou d'une lame chauffée à blanc, ingestion contrainte d'éponges ou de produit lave-vitre… La description des sévices infligés durant 15 mois par Zakia à son ex-compagnon fait froid dans le dos. Sans compter les humiliations et les huit opérations que Maxime Gaget, 37 ans, a subies. Lui et Zakia s'étaient rencontrés en 2007 sur Internet et avaient emménagé sept mois plus tard dans l'appartement où elle vivait avec ses deux enfants. Mais après avoir été licencié, l'homme est très vite devenu une sorte d'esclave domestique.
"Je n'étais pas consciente de ce que je faisais". A la barre, cette femme de 43 ans, un peu ronde et aux longs cheveux noirs, soupire : "Ce sont des termes barbares", ce à quoi la présidente répond "non, médicaux". Six ans après les faits, Zakia n'apporte qu'une seule explication, un peu courte : "Je n'allais pas bien, je buvais beaucoup. Je suis bipolaire et je ne le savais pas. Bref, je n'étais pas consciente de ce que je faisais". Toutefois, aucun expert psychiatre n'a étayé cette thèse, jugeant la prévenue responsable de ses actes. Puis, la prévenue ajoute : "Il pouvait partir s'il le voulait, moi aussi j'ai subi sa présence."
Douche glaciale et acide chlorhydrique. Ce n'est qu'à la toute fin de l'audience, que Zakia a émis des regrets. Mais pour sa victime, Maxime Gaget c'est loin d'être suffisant. "Avait-t-elle pitié au moment où elle me rouait de coups, lorsque j'étais parterre ? A-t-elle ressenti la moindre compassion ou la moindre pitié au moment où elle me plongeait sous une douche glaciale ? Et au moment où elle s'apprêtait à me faire boire de l'acide chlorhydrique ?" a déclaré la victime au micro d'Europe 1, avant de conclure : "Donc à solutions extrêmes, mesure extrême."
La peine maximale requise. Mesure extrême, en effet, puisque la procureur, Aurélie Belliot, a requis la peine maximale à l'encontre de la prévenue, soit cinq ans de prison ferme et assortis d'un mandat de dépôt. Pour la magistrate, certains actes se rapprochent de la torture et de la barbarie et vont bien "au delà de la violence". "Cette affaire aurait dû être jugée aux assises, elle a été sous traitée", a-t-elle regretté. "Tout cela parce qu'il s'agit d'un homme battu et que ça ne colle pas à l'image que l'on se fait de la virilité." Le jugement a été mis en délibéré au 28 mai.
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