L’INFO. La photo fait froid dans le dos. Sur son compte Facebook, Wilfred a posté dimanche un cliché où on peut voir son visage rougi et tuméfié. "Désolé de vous montrer cela. C’est le visage de l’homophobie", explique-t-il en légende. A l’origine de cette photo, une agression homophobe dont Wilfred et son compagnon, Olivier, ont été victimes samedi soir non loin du métro Ourcq, dans le XIXe arrondissement de Paris. Ils ont porté plainte lundi en milieu d’après-midi.
Une insulte. Les faits se sont produits dans la rue des Ardennes, dans le nord-est de Paris, alors que Wilfred et son compagnon rentraient d’une soirée d’anniversaire, vers 3h30 du matin. Les deux hommes se tenaient par la main et assurent avoir entendu "Tiens, y a des pédés" juste avant l’agression. La suite, Wilfred ne s'en souvient pas. C'est son ami qui la lui a raconté. "Apparemment, on s'est retrouvé rapidement à terre", a-t-il confié à Europe1.fr. "Ils nous ont frappés au visage. Ça n'a pas duré longtemps, une minute peut-être. Après, ils sont partis en courant. Mon ami a crié et il a appelé la police", explique-t-il.
Le black-out. "Je me suis réveillé dans l’ambulance, couvert de sang, avec une dent en moins et des fractures autour de l’œil", a précisé Wilfred sur son compte Facebook. Installé à Paris depuis 2003, cet Hollandais affirme s’être vu prescrire 10 jours d’incapacité totale de travail à la suite de l’agression. Son compagnon, blessé aux yeux et à la bouche a, lui, reçu 8 jours d’ITT. Dans son appartement, Wilfred a retourné les miroirs. "J'ai du mal à me voir dans la glace", admet-il.
Un contexte tendu. Wilfred assure avoir hésité avant de publier la photo de son agression sur Internet. Mais il s’est finalement décidé à le faire dans un souci de témoignage. "C’est un acte de militantisme et ce n'est pas à nous d'avoir honte", a-t-il confié à Europe1.fr., avant de regretter le "contexte" dans lequel cette agression a eu lieu. "J'espère que les anti-mariage pour tous seront mal à l'aise face à cette photo", poursuit-il. Avant de nuancer : "toutefois, je ne pense pas que les salauds qui nous ont fait ça sont des électeurs de Christine Boutin".
Des réactions indignées. Depuis sa publication dimanche sur Facebook, la photo de Wilfred a été partagée plus de 5.000 fois et près de 200 messages de soutien ont été postés sur sa page. Sur son blog, Jean-Christophe Cambadélis a demandé à ce que "toute la lumière soit faite" sur l’affaire. "Je condamne cette agression homophobe", a ajouté le député du 19e arrondissement. De son côté, un collectif d’association a appelé à manifester contre l’homophobie et pour l’égalité mercredi 10 avril à 20 heures dans le Marais. Wilfred a assuré les organisateurs de sa présence.
Une difficile enquête. Suite à cette agression, une enquête a été ouverte. Mais les investigations s’annoncent délicates au vu du peu d’éléments dont disposent les enquêteurs.