Le drame. Un quadragénaire, chômeur en fin de droit d'indemnisation, a mis fin à ses jours peu après midi mercredi à Nantes, en Loire-Atlantique, en s'immolant par le feu devant une agence Pôle emploi, après s'être aspergé d'essence.
Son dossier. Selon les informations recueillies par Europe 1, ce chômeur en fin de droit âgé de 43 ans, avait repris auparavant une activité professionnelle sans la déclarer à Pôle emploi. Lundi, en se rendant à son agence, il a appris qu'il ne pourrait plus toucher d'allocation et qu'il devait en plus s'acquitter de régler un trop perçu : ce qui lui avait été versé pendant qu'il travaillait. La direction de Pôle emploi à Paris a confirmé ce suicide et que l'homme était bien inscrit dans cette agence et en fin de droits.
Un SOS lancé aux médias locaux. Plusieurs médias locaux avaient reçu mardi deux mails de cet homme annonçant son intention de passer à l'acte dans la semaine devant son agence de Nantes-Est, situé à l'est de Nantes. Par ce geste, il expliquait vouloir protester contre le rejet de son dossier alors qu'il estimait avoir travaillé suffisamment d'heures. L'homme avait également appelé son agence pour l'emploi pour prévenir de ses intentions.
Dans un premier mail envoyé dans la matinée de mardi à Presse-Océan, l'homme âgé de 43 ans écrivait : "aujourd'hui, c'est le grand jour pour moi car je vais me brûler à Pôle emploi. J'ai travaillé 720h et la loi, c'est 610h. Et Pôle emploi a refusé mon dossier". Puis près de trois heures plus tard, dans un second mail : "je suis allé à Pôle emploi avec 5 litres d'essence pour me brûler, mais c'est fermé le 12/02/2013 ; alors ça sera demain le 13 ou le 14, car ce serait vraiment préférable au sein de Pôle emploi merci".
Une surveillance policière. Alertés, policiers et pompiers l'avaient rencontré à son domicile dès mardi, selon Ouest-France. L'homme avait alors expliqué qu'il s'était exprimé sous le coup de la colère et avait alors déclaré renoncer à son projet. La police avait de nouveau tenté de le joindre mercredi matin, relate encore Presse-Océan. "Ce matin à 8h, nous avons essayé de joindre cet homme mais il ne répondait pas", raconte un policier dans le quotidien régional. Des fonctionnaires de police se sont également rendus à son domicile mercredi matin, selon les informations d'Europe 1. En vain.
"Nous avions une surveillance à son domicile, nous avons mis un fonctionnaire dans les locaux, un fonctionnaire sur le parvis et un fonctionnaire sur la voie publique en appui d'un agent de sécurité mis en place par Pôle emploi pour assurer le filtrage à l'intérieur des locaux", détaille Philippe Cussac, directeur de la sécurité publique de Loire Atlantique, interrogé par Europe 1.
En flamme, il chute devant l'agence. L’homme, qui s'était rendu sur place en bus, était muni d'un sac en plastique et d'une bouteille de javel contenant de l'essence. Dès sa descente, il se serait aspergé avec un bidon d'eau de javel, rempli d'un produit inflammable. Il a ensuite parcouru une soixantaine de mètres, en flammes, jusqu'à l'agence Pôle emploi.
"Cette personne s'est enflammée à 70 mètres des lieux avant de chuter devant le bâtiment alors qu'elle était déjà en feu. L'agent de sécurité l'a aussitôt recouvert d'une couverture et les fonctionnaires de police ont fait usage d'un extincteur mais son pronostic vital était déjà engagé", a abondé Philippe Cussac.
Michel Sapin sur place. Attendu à Nantes dans la soirée avec le directeur général de Pôle emploi Jean Bassères, le ministre du Travail Michel Sapin a qualifié cet acte de "drame effroyable". Michel Sapin a adressé dans un communiqué ses "condoléances émues" aux proches de la victime et rendu hommage aux agents "pour les efforts qu'ils ont fourni sans avoir pu, aujourd'hui, éviter le drame". Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault a pour sa part exprimé sa "très forte émotion".
"Il avait fait part de ses intentions de se donner la mort et cette menace avait été prise très au sérieuse par Pôle emploi. La direction régionale avait mis en place tout l’accompagnement inhérent à ces situations", précise dans les colonnes de Ouest-France, Valérie Hoingne, déléguée régionale SNU à Pôle emploi. "Il faudra bien, après, se poser les questions sur les effectifs dédiés à l’accueil et l’accompagnement au sein de Pôle emploi face aux demandeurs d’emploi plus fragiles", conclut la syndicaliste