Institutrice poignardée à mort : "des années qu'on alerte"

Le groupe scolaire devant lequel a eu lieu l'agression mortelle.
Le groupe scolaire devant lequel a eu lieu l'agression mortelle. © Capture Google Street View
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avec Alain Acco, Benjamin Peter et AFP , modifié à
DRAME - L'institutrice de 34 ans a été poignardée à mort vendredi, devant ses élèves, à Albi, par une déséquilibrée, placée en psychiatrie.

L'INFO. Une institutrice de 34 ans a été poignardée à mort, vendredi matin à Albi, dans le Tarn, par la mère d'un élève. Celle-ci a été immédiatement arrêtée et placée en garde à vue, a indiqué le procureur d'Albi, Claude Derens. La déséquilibrée a immédiatement été placée en psychiatrie. Le drame s'est produit au dernier jour de l'année scolaire et qualifié "d'abominable" par François Hollande.

Le drame. Les faits ont eu lieu au groupe scolaire Edouard Herriot, à l'ouverture des classes de cette école primaire publique classée en zone d'éducation prioritaire (ZEP). Une mère de famille de 47 ans est arrivée à 9h10 dans la classe, en déclarant "je ne suis pas une voleuse", a indiqué une source policière à Europe 1. Elle a porté un seul coup de couteau à l'institutrice, au niveau du thorax, devant une quinzaine d'élèves de grande section de maternelle.

"Elle a fait ça devant tous les enfants". Séverine, qui amenait sa fille à l'école quasiment au même moment, a vu l'enseignante dans un bain de sang. "Cette femme est rentrée dans la classe, elle a poignardé la maîtresse et elle est partie", a-t-elle témoigné sur Europe 1. "Elle a fait ça devant tous les enfants, des enfants de six ans. C'est une horreur. On est dans un cauchemar".

"Quand je suis arrivé sur les lieux, on essayait de la ranimer. Elle était en arrêt cardiaque dans sa classe", a précisé le procureur. Le décès de l'institutrice, mariée avec deux enfants, a été constaté à 10h30 par les médecins dépêchés sur place, alors que la mère a été arrêtée une vingtaine de minutes après les faits aux abords de l'école. Une cellule psychologique a été mise en place, a indiqué le rectorat.

Des experts font état de troubles psychiatriques. Ce meurtre pourrait avoir été commis sous l'emprise "d'idées délirantes de persécution", selon le procureur d'Albi, Claude Derens. "De façon immédiate, la mise en cause va être placée en milieu psychiatrique sous contrainte", a-t-il annoncé à la presse. Cette décision fait suite à une expertise conduite dans l'après-midi par deux praticiens, dont les conclusions préliminaires font état, au moment des faits, de "troubles psychiques ayant aboli son discernement au sens de l'article 122-1 du Code pénal". Une contre-expertise pourrait être ordonnée dans les prochaines semaines.

Une femme internée jusqu'en mars.  La mère qui a porté le coup de couteau était connue des services de police. Mère de deux enfants, elle n'avait à sa charge que la cadette de six ans. Elle avait déjà été signalée début 2014 au parquet pour des "troubles psychiques" et une enquête pour délaissement de mineur avait été ouverte, conduisant à son hospitalisation en milieu psychiatrique jusqu'au 18 mars. Elle avait ensuite récupéré sa fille en Espagne et l'avait scolarisée à Albi en mai.

"Des années qu'on alerte". Malheureusement, on n'est pas surpris de la personne qui l'a fait", a déclaré à Europe 1 une maman dont l'enfant fréquentait cette école. "Ça fait des années qu'on alerte", assure-t-elle, à propos de l'agresseuse. "Elle a déjà eu beaucoup de soucis, des agressions physiques, verbales". Selon la présidente de la FCPE du Tarn, Sandrine Soliman, il s'agit en revanche "d'un problème externe à l'école (...) il n'y avait pas de problème particulier entre l'enseignante et cette femme".

Un "crime abominable" pour Hamon. A l'annonce de ce drame, le ministre de l’Éducation a immédiatement pris le chemin d'Albi pour y arriver en début d'après midi vendredi.  "C'est un acte isolé bien sûr mais un acte épouvantable, abominable et il faut travailler à faire en sorte que demain on protège mieux l'école, on l'apaise, on la protège de cette violence, de ces conflits qui peuvent s'y nicher", a insisté le ministre , soulignant la réussite du projet éducatif dans un quartier marqué par la mixité sociale.

La "consternation" de Hollande. Quelques minutes après l'annonce de ce décès, François Hollande a lui aussi exprimé sa "consternation". "Tous les services de l’État sont mobilisés pour prendre en charge les enfants et les personnels qui ont été témoins de ce drame abominable", a indiqué l'Elysée. De son côté, le Premier ministre, Manuel Valls, a exprimé son "effroi" : "C'est toute la communauté éducative qui est en deuil aujourd'hui", a-t-il déclaré.

"Une super maîtresse". Vendredi, en fin d'après-midi,  au dernier jour de l'année scolaire, des fleurs avaient été déposées devant les grilles de l'école. La victime, Fabienne Terral-Calmès, mère de deux petites filles, Adèle et Romane, enseignait en grande section de maternelle. Une photo de classe datant de 2011-2012 rendait hommage à "une super maîtresse".

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