Le coup de filet. Quatre suspects, deux Français d'origine congolaise de 37 et 27 ans, un Franco-Algérien de 27 ans et un Malien de 23 ans, ont été interpellés mardi matin en région parisienne, notamment à L'Haÿ-les-Roses dans le Val-de-Marne, dans le cadre d'une enquête dans les milieux de l'islamisme radical, a-t-on appris de source policière. L'opération a été menée par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Elle agissait sur commission rogatoire du juge antiterroriste Marc Trévidic qui enquête sur une filière d'acheminement de djihadistes vers le Sahel.
Les premiers éléments sur l'enquête. Ce coup de filet est lié à "l'arrestation d'un individu il y a quelques mois" à la frontière entre le Niger et le Mali, a indiqué le ministre de l'Intérieur Manuel Valls sur BFMTV et RMC. Il s'agit de Cédric Lobo, un Franco-Congolais de 27 ans qui était animateur social à Asnières. Il avait été arrêté l'été dernier à Niamey, au Niger, alors qu'il tentait d'acheter un véhicule 4x4 avec un faux permis. Il voulait gagner Tombouctou, au Mali, et rejoindre les rangs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), selon les enquêteurs.
Les quatre suspects interpellés mardi matin faisaient partie des proches de Cédric Lobo. Ils fréquentaient notamment la même mosquée. Et les enquêteurs les soupçonnent d'avoir eux-aussi voulu se rendre au Sahel.
La mise en garde de Valls. Peu après l'annonce de cette opération, le ministre de l'Intérieur a mis en garde les candidats français au jihad, estimant que les services en avaient recensé "plusieurs dizaines en Syrie" et "quelques individus au Sahel". "Il y a probablement une poignée de Français qui sont au Sahel" et "deux ont été arrêtés au cours de ces derniers mois" alors qu'ils voulaient se rendre au Sahel pour combattre, celui qui a conduit à l'opération de mardi "et un autre au Mali", a-t-il dit. Pour autant, s'il n'y a pas eu "de menace directe" d'attentat depuis le début du conflit au Mali, "la police française, les services de renseignement sont sur le qui-vive", a ajouté le ministre.
Lundi soir, Manuel Valls, qui s'exprimait devant 100 imams au Mémorial de la Shoah de Drancy, avait déjà mis en garde contre l'islamisme radical, estimant que dans un certain nombre de quartiers, "où la misère, le chômage et l'échec scolaire se sont imposés", les autorités avaient "laissé progressivement s'installer un autre ordre que la République". Cet ordre "mélange le religieux avec la délinquance et le trafic de drogue et impose un ordre déviant à une partie de notre jeunesse", a-t-il déclaré, appelant à "combattre ce salafisme dévoyé qui nous vient d'un certain nombre de pays, d'Egypte notamment, où l'on forme aujourd'hui à ce discours de haine".