Un nouveau coup de filet a été lancé mercredi matin dans les milieux islamistes radicaux. Plusieurs arrestations ont déjà eu lieu notamment à Roubaix, Marseille, Pau, Valence, Carpentras (Vaucluse) et Bon-Encontre (Lot-et-Garonne). Au total, huit "objectifs" ont été visés et une douzaine de personnes ont été interpellées, selon les informations recueillies par Europe 1.
Ce coup de filet a été mené par les services de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), avec l'appui du Raid et du Groupement d'intervention de la police nationale (GIPN). Aucune arme n'a été saisie mais de nombreux ordinateurs. L'enquête préliminaire avait été menée par le parquet antiterroriste de Paris.
De petits délinquants
Vers 6 heures mercredi, une vingtaine de policiers cagoulés ont investi un petit immeuble de trois étages dans un quartier résidentiel de Roubaix dans le Nord, proche du quartier populaire de l'Alma, selon l'Agence France Presse. Une autre opération de police s'est déroulée quasi simultanément à deux rues de là, selon des journalistes sur place. Trois personnes ont été interpellées.
Le père d'un des Roubaisiens ne comprend pas pourquoi son fils a été placé en garde à vue. "Il n'est pas parti là-bas pour faire le djihad. Le djihad, il faut au moins deux ou trois ans pour apprendre. Il a le droit de faire des voyages à l'étranger. On est libres ou on n'est pas libres ? C'est un fils de France. C'est juste parce qu'il a une petite barbe, qu'il va à la mosquée... Liberté, égalité, c'est ça la France ? ", a-t-il déploré au micro d'Europe 1.
A Marseille, dans les quartiers Nord, une opération a également été menée discrètement dans la cité Kallisté où un père et son fils ont été interpellés. A Valence et Pau, ce sont, à chaque fois, deux frères qui ont été appréhendés. A Carpentras, une personne a été interpellée. A Bon-Encontre, il s'agit d'un citoyen français converti à l'islam.
Repérés sur des sites islamistes
Les individus interpellés seraient des personnes isolées, sans liens connus avec des organisations structurées. Ils étaient déjà fichés par la police pour des actes de petite délinquance et se seraient auto-radicalisés. Si certains auraient déjà effectué des séjours à l'étranger pour mener le jihad (en Afghanistan, au Pakistan, dans la région du Sahel ou en Somalie), d'autres en auraient eu l'intention.
Selon les informations d'Europe 1, certains ont été repérés sur des sites Internet islamistes où ils auraient tenu des propos menaçants sur des forums. Certains pratiquaient par ailleurs des sports de combat ou du paintball.
Aucun lien avec Forsane Alizza
Cette nouvelle opération intervient moins d'une semaine après l'interpellation de membres du groupuscule salafiste Forsane Alizza, le 30 mars. Mardi, treize d'entre eux ont été présentés à des juges d'instruction en vue de leur mise en examen pour "détention d'armes et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste".
Mais les deux enquêtes ne sont pas liées. Le candidat-président Nicolas Sarkozy avait cependant prévenu que les opérations policières dans les milieux islamistes radicaux allaient "continuer", après l'effroi provoqué par les tueries commises à Toulouse et Montauban au nom d'Al-Qaïda par Mohamed Merah.