Vendredi aux alentours de six heures du matin, 19 personnes ont été interpellées dans plusieurs villes de France, notamment à Toulouse. Ce coup de filet intervient dans un contexte sensible, huit jours après la mort de Mohamed Merah. Mais il est la conséquence d'une enquête au long cours, qui a débuté en 2011.
Où ? Ce coup de filet a eu lieu sur tout le territoire français, notamment à Toulouse, mais également dans les régions parisienne, Paca (à Marseille et à Nice), lyonnaise et nantaise. Comme ici près de Nantes :
Qui ? Il s'agirait de sympathisants de l'islam radical dont les noms étaient ressortis à l'occasion de l'enquête sur Mohamed Merah, a expliqué Nicolas Sarkozy sur Europe 1 vendredi matin. Ces hommes, déjà fichés par les services de renseignement, auraient en effet un profil comparable à celui de l'auteur des tueries de Toulouse et de Montauban. Ils auraient notamment séjourné dans plusieurs pays sensibles comme l'Afghanistan, l'Irak et la Syrie. Etait plus particulièrement visé le groupuscule Forsane Alizza.
Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a réfuté que ce coup de filet dans les milieux islamistes radicaux soit une "opération de communication", affirmant que les personnes interpellées étaient animées par "une idéologie de combat". "Ce sont des gens qui sur le web se réclamaient du moudjahidisme et d'une idéologie extrémiste radicale, dans les motifs - d'ailleurs qui ont accompagné la prise de décision -, il y avait un entraînement paramilitaire", a assuré le ministre. "Ils avaient un discours très belliqueux, assumé et qui était très public sur le Web. Et d'autres parts, ils avaient des armes", a-t-il précisé.
Qu'est-ce que Forsane Alizza ? Se revendiquant comme les "Cavaliers de la fierté", ce groupuscule islamiste aurait mené des actions épisodiques, qui ont poussé le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant à le dissoudre en janvier dernier. Il avait considéré que ce "sas de radicalisation" évalué à une centaine de militants formait "des personnes à la lutte armée". Créée en 2010, l'organisation avait notamment appelé à boycotter un McDonald's de Limoges, accusant l'enseigne d'être au service d'Israël. Plus récemment, ils avaient manifesté en septembre dernier devant le tribunal de Meaux contre l'interdiction du port du voile. Le chef présumé, Mohammed Achamlane, vit dans l'agglomération nantaise. Sa maison, à Bouguenais :
Pourquoi ? Ces interpellations ont été organisées sur tout le territoire, "en plein accord avec la justice", a affirmé Nicolas Sarkozy sur Europe 1. Une enquête avait en effet été ouverte en octobre 2011 sur des renseignements de la DCRI. Et ces arrestations découlent directement d'une information judiciaire pour association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme qui avait suivi début mars. C'est sur commission rogatoire des juges antiterroristes parisiens Nathalie Poux et Marc Trévidic que les opérations de vendredi matin ont été lancées. "Nous avons des questions extrêmement précises à poser à un certain nombre de gens" a expliqué Nicolas Sarkozy sur Europe 1, avant d'assurer qu'il y aurait d'autres opérations de ce type prochainement. "C'est le premier travail du chef de l'Etat que de protéger les Français", s'est-il justifié.
Par qui ? Cette opération est le fruit d'une étroite coopération entre les enquêteurs de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), la sous-direction anti-terroriste (Sdat), la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), l'unité d'élite de la police nationale le Raid, la brigade anti-gang (BRI) et la brigade criminelle de Paris.
Quels résultats ? Les 17 gardes à vue se poursuivent. Plusieurs armes ont par ailleurs été retrouvées lors des arrestations, dont cinq fusils, trois kalachnikov, et une grenade, d'après les informations d'Europe 1.