Ce sont deux accusés au profil particulier qui sont jugés pendant trois jours à partir de lundi par la cour d'assises de Strasbourg. Sabrina, 25 ans, et Lionel, 31 ans, encourent vingt ans de prison pour viols et agressions sexuelles sur le fils de Sabrina, de 4 ans à l'époque des faits, en 2010. Aujourd'hui âgé de 8 ans, le garçon est placé dans une famille d'accueil et défendu durant le procès par l'association Themis, son représentant légal.
Violé par son beau-père au parloir. Le beau-père du garçon a finalement reconnu l'avoir violé lors d'une visite au parloir à la maison d'arrêt de Toul, en Meurthe-et-Moselle, en février 2010. Ce jour-là, dans le parloir, Sabrina Bonner aurait fait mettre à genoux son fils sur une chaise avant de lui bander les yeux avec son écharpe, puis elle l'aurait maintenu par les bras pendant que son beau-père le violait. Elle "s'est rendue complice du crime en conduisant son fils au parloir par deux fois dans la même journée : une fois le matin où il y a eu un premier viol et une seconde fois l'après-midi en sachant parfaitement ce qui allait à nouveau se produire", accuse Me Yannick Pheulpin qui défend le petit garçon.
Des sacs poubelles obstruaient la porte vitrée. Les surveillants de la prison n'ont pas empêché ce geste, ils ne l'ont même pas constaté. Selon des éléments de l'enquête, des sacs poubelle obstruaient la porte vitrée du parloir de cette prison où, comme dans d'autres établissements pénitentiaires, selon les avocats, une certaine tolérance est acceptée pendant les visites conjugales. Me Pheulpin envisage déjà "d'assigner le centre de détention de Toul en responsabilité à la fin du procès aux assises". Lionel, incarcéré depuis août 2009, est décrit par les experts psychiatriques comme agressif à tendances schizophrènes. Il purgeait une peine de trois ans pour des violences sur son ex-compagne.
"Un procès terrible"
L'enfant également violé par sa mère... De son propre aveu, la mère du garçon se serait elle-même livrée à plusieurs viols et agressions sexuelles sur son fils entre 2009 et 2010. Selon l'un de ses avocats, Me Dominique Bergmann, elle aurait toujours agi sous le coup de la menace et des instructions données par son compagnon depuis sa cellule à l'aide d'un téléphone portable. Une accusation que ce dernier réfute. S'il reconnaît le viol au parloir, il affirme qu'il s'agit "d'un acte accompli à l'initiative de la mère. Mais il nie les autres faits et sa complicité dans les autres viols", selon son avocat, Me Matthieu Airoldi. Selon les enquêteurs, ce téléphone portable aurait également servi au détenu à écouter en direct un des viols pratiqués par la mère. Une hypothèse attestée par une vidéo.
... Qui filmait les actes. A plusieurs reprises, Sabrina Bonner se serait elle-même filmée avec son téléphone portable en train de violer son fils et aurait fait parvenir les cartes à puce à son compagnon. Ces images insoutenables, comme s'accordent à le reconnaître les avocats des trois parties, devraient être présentées aux jurés mardi. Si l'avocat représentant le petit garçon n'a pas demandé le huis clos pour ce procès qui durera trois jours, le juge pourrait néanmoins imposer un huis clos partiel notamment pendant la diffusion de ces images. Selon son avocat, la jeune femme est "totalement consciente" de la gravité des faits qui lui sont reprochés. "Elle ne cherchera pas à minimiser sa responsabilité et elle se prépare maintenant à affronter trois jours d'un procès terrible".