Une semaine après la publication du rapport sur les "défaillances objectives" dans la gestion du dossier Merah, le travail de la Direction centrale du renseignement intérieur est à nouveau pointé du doigt. La DCRI aurait en effet ralenti les investigations concernant le "tueur à scooter". Deux membres de la Direction régionale du renseignement intérieur (DRRI) de Toulouse avaient pourtant alerté leurs supérieurs sur la dangerosité du jeune homme dès juin 2011, rapporte Libération.
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Ces dysfonctionnements ont été mis au jour après l'audition de deux membres de la DRRI de Toulouse : son directeur, Christian Balle Andui, et le brigadier ayant auditionné Mohamed Merah à l'automne 2011. Europe1.fr fait le point sur les divergences d'appréciation du cas Merah entre l'antenne régionale des services de renseignement toulousains (DRRI) et leurs supérieurs hiérarchiques à Paris (DCRI).
Le dossier Merah sous-estimé par la DCRI. Repéré dès 2009 par les services du renseignement, le profil de Mohamed Merah inquiète particulièrement la DRRI de Toulouse. Et pour cause : le frère Merah est un membre de la mouvance islamiste radicale de Toulouse et son cadet a lui-même effectué un séjour en Afghanistan en mars 2011.
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Les enquêteurs de la DRRI de Toulouse confient alors leurs inquiétudes à leurs supérieurs hiérarchiques de la DCRI. Ils demandent notamment de "judiciariser la situation de Mohamed Merah", en raison de son "potentiel de dangerosité" élevé. Mais les services de la DRRI de Toulouse ne reçoivent aucune réponse de la direction centrale à Paris. Et le dossier Merah n'est donc pas transmis au parquet antiterroriste, indique L'Express.
En novembre 2011, soit cinq mois plus tard, un "débriefing préventif" est prévu entre les services de renseignement toulousains et Paris. Dans sa note de synthèse, la DCRI conclut que la rencontre "n'a pas permis de faire le lien entre Mohamed Merah et un éventuel réseau jihadiste". Le suivi dont fait l'objet Mohamed Merah est donc revu à la baisse.
Merah futur indic de la DCRI. Les services du renseignement ont même envisagé pendant un temps de recruter Mohamed Merah comme indicateur, révèle Libération. Le Toulousain "pourrait présenter un intérêt pour notre thématique en raison de son profil voyageur", indiquent les notes de la DCRI.
La décision d'embaucher Mohamed Merah revient au directeur de la DRRI de Toulouse qui refuse cette option. Christian Ballé-Andui écarte en effet cette éventualité en raison "de la dimension à nos yeux encore trouble de Mohamed Merah".
La DRRI écarté de l'enquête lors des tueries. La suite, tragique, est connue de tous. Entre le 11 et le 22 mars 2012, Mohamed Merah organise trois tueries au cours desquelles sept personnes seront tuées, trois militaires, trois élèves et un père de famille dans une école juive toulousaine.
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A la suite de la deuxième tuerie, le directeur de la DRRI de Toulouse s'était pourtant rendu sur place de sa propre initiative pour proposer aux enquêteurs de participer aux réunions. Alors que la piste de l'ultra-droite était privilégiée, Christian Ballé-Andui estimait que la piste jihadiste était plausible, sachant "que le régiment de Montauban revenait de rotation en Afghanistan". Le directeur de la DRRI de Toulouse s'est alors vu signifier que sa "présence n'était pas nécessaire".
Il décide toutefois de transmettre une liste de seize salafistes dont six peuvent être compatibles avec les actes commis. Mohamed Merah figure sur cette liste. Il ne sera interpellé que quelques jours plus tard, après avoir eu le temps de commettre la tuerie de Toulouse.