Entre Pierre Choulet, 19 ans, gentil gamin fan de BMX et de football à Port-sur-Saône, près de Vesoul, et Abou-Talha al-Faransi, mort en kamikaze, en Irak, sous la bannière de l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), il y a un monde. Ce sont pourtant une seule et même personne, à deux années d’intervalle. Converti à l’Islam deux ans plus tôt, Pierre en choisit une vision radicale, celle du salafisme djihadiste, quand il prend le chemin de la Syrie en octobre 2013. Au bout de son périple funeste, c’est l’EI qui a finalement annoncé sa mort sur les réseaux sociaux, comme l’expliquait son père vendredi au micro d’Europe 1.
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Cette mort, incompréhensible pour les parents désemparés du jeune homme, vient une nouvelle fois illustrer dramatiquement le phénomène des Français empruntant les voies du djihad. Une "menace d’une ampleur jamais égalée" estimait en décembre dernier le premier ministre Manuel Valls, deux semaines à peine avant l’attentat meurtrier des frères Kouachi contre Charlie Hebdo et les tueries d’Amedy Coulibaly à Montrouge et Porte de Vincennes.
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Un mois et demi après les événements, Europe 1 a voulu savoir comment évoluait la tendance de ces départs vers "la guerre sainte". Un flux continu, qui ne se tarit pas.
1.346 individus impliqués, 80 morts, plus de 80 départements touchés. Selon les informations recueillies par Europe 1, ils seraient 1.346 Français ou résidents en France impliqués, c'est-à-dire ayant a minima exprimé des velléités de départ. Et il s’agit d’un chiffre resserré. Le 11 février dernier, lors d’une intervention à l’Assemblée nationale, Bernard Cazeneuve évoquait en effet une mouvance de 2.000 individus "concernés par un engagement terroriste par-delà nos frontières". Il s’agit là de la fourchette d’estimation la plus haute, incluant les contacts éventuels et un cercle élargi de complicités.
Dans le détail, le ministère de l’Intérieur estime à 325 le nombre de candidats au départ quand 275 individus seraient d’ores et déjà en transit. 417 combattants venus de France seraient déjà présent sur zone entre la Syrie et l’Irak. 249 Français ou résidents ont quant à eux quitté le théâtre des opérations et se trouvent entre la Syrie-Irak et la France. Un chiffre enfin permet de constater l’étendue du phénomène : sur les 101 départements français, plus de 80 sont concernés par ces affaires. Enfin, le nombre de Français ou résidents en France qui ont péri dans les zones de combat grimpe quant à lui à 80. Ils étaient 60 en décembre, et près de 20 en janvier 2014.
Une augmentation de 92% des individus impliqués sur un an. Le premier décompte précis sur le phénomène avait été communiqué par Manuel Valls, alors encore ministre de l’Intérieur, il y a un peu plus d’un an, en janvier 2014. Le ministre faisait alors état de 700 Français ou résidents en France, plus ou moins impliqués. Selon nos calculs, avec une augmentation de 92 % de cet effectif sur une année, ce chiffre a donc quasiment doublé. Sur place, dans les zones de combats, ils sont aujourd'hui 166 de plus.
Parallèlement, un autre chiffre explose. Celui des retours : en janvier 2014, Manuel Valls évoque 75 à 76 individus de retour en France. Au fil des mois, on préfère parler "d'individus ayant quitté la zone", c'est-à-dire se trouvant entre la Syrie-Irak et la France. Ils étaient 180 en septembre dernier. Ils sont passés à 249 aujourd’hui : leur nombre a été multiplié par 3 sur un an.
Côté justice : 105 dossiers en cours, 138 mises en examen. Bernard Cazeneuve comme Manuel Valls, n’ont de cesse de le répéter : la lutte contre ces filières en amont comme sur la question des retours, est une priorité du gouvernement. D’un point de vue judiciaire, selon les informations d’Europe 1, le phénomène se traduit au 20 février, par 105 dossiers en cours, dont 57 informations judiciaires et 48 enquêtes préliminaires.
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138 individus sont à ce jour mis en examen, dont 11 femmes. 93 personnes ont été écrouées et 45 se trouvent sous contrôle judiciaire. 13 procédures ont d'ores et déjà été bouclées. En outre, 266 personnes sont actuellement visées par des procédures, dont 25 femmes.