L'INFO. "Il a trahi sa famille, il a trahi une nation, il a trahi la France". Ces mots sont ceux de la sœur de Djamel, le djihadiste français arrêté par l'armée française dans le nord du Mali. Elle se confie lundi dans les colonnes du Parisien, détaillant le parcours surprenant d'un jeune sportif grenoblois, de la police nationale à "la guerre sainte".
"C’est la France qui l’a fait grandir". Sonia, dont le prénom a été modifié par le quotidien, est une mère de famille grenobloise de 30 ans. Il y a quelques jours, son grand frère Djamel, 37 ans, père de trois jeunes garçons, a été arrêté au Mali. Aux côtés des islamistes, il y combattait l'armée française.
Pour elle, le combat de son frère est aussi une trahison de lui-même, "qui a demandé à être français" à sa majorité. "J'ai honte de ce qu’il a fait, j’ai honte de ce qu’il est devenu. Depuis que j’ai su qu’il était au Mali, ce n’est plus mon frère. Ce n’est plus un membre de la famille. Il a commis le pire du pire : combattre les troupes françaises alors que c’est la France qui l’a fait grandir, lui a permis d’étudier, de travailler, d’avoir une femme, des enfants", assène sa sœur.
"Il a porté l'uniforme français". Il est vrai que le parcours de Djamel tel qu'il est décrit par Sonia est saisissant. Fils d'un ouvrier algérien spécialisé dans la chimie, pratiquant l'athlétisme à "très bon niveau", il intègre la police nationale à la fin des années 90, "à la Bac, la brigade anticriminalité de Grenoble. Il a donc porté l’uniforme français. Il voulait devenir CRS". Au bout d'un an de patrouilles, il aurait quitté la brigade et la police après avoir dû, au terme d'une course-poursuite, interpeller l'un de ses trois frères. "Ses collègues lui avaient alors lancé quelques piques", explique Sonia.
Djamel quitte aussi la région grenobloise pour s'installer en Haute-Savoie, à Bonneville. Il y rencontre sa future épouse. "A cette époque, Djamel était comme tout le monde. Il aimait faire la fête. Il allait à la mosquée, sans plus". D'après Sonia, c'est après son mariage, en 2005, que s'opère un changement. "Il a commencé à se faire pousser la barbe, à avoir de mauvaises fréquentations avec des barbus qui essayaient d’endoctriner des jeunes". Ensuite, Sonia explique ignorer comment son frère a "basculé".
"J’espère qu’il paiera". Après s'être séparé de son épouse, Djamel est ensuite revenu vivre à Grenoble. Il y vit chez sa mère jusqu'au mois de novembre dernier, lorsqu'il annonce partir travailler à Paris. Mais un coup de fil à la mère de ses enfants alerte la famille. "Elle a vérifié ensuite le numéro et a vu qu’il téléphonait du Mali!", explique Sonia.
Effondrée et en colère, elle espère désormais que son frère soit jugé. "J’espère qu’il paiera. Mais avant, il faut qu’il s’explique, vis-à-vis de sa famille, de la France", estime-t-elle. "On vit en France, on respecte la laïcité. On ne renie pas notre religion qui fait partie de notre vie. Mais de là à partir comme ça faire le djihad, non!". En attendant, Djamel serait toujours détenu au Mali en instance d'extradition, selon Le Parisien . Le quotidien précise que l'épouse et la mère du combattant ont d'ores et déjà été longuement entendues par les enquêteurs.