Un homme pas comme les autres. Poète ? Provocateur ? Simple farfelu ? Difficile de trouver les mots pour décrire la personnalité exubérante d’Hervé Couasnon. Il devait se rendre à son procès vendredi pour "entrave à la navigation d’un aéronoef" (il avait embarqué à bord d’un vol Air France pour Rome sans billet avant d’être repéré par le personnel de bord), mais ce chauffeur de bus périgourdin de 56 ans n’est décidément pas un homme comme les autres.
De l’Elysée à l’hôpital psychiatrique. Celui qui se proclame "poète escaladeur", en référence à ses nombreux exploits, a préféré partir en Belgique, rendre un dernier hommage à la reine Fabiola, décédée le 5 décembre. De son propre aveu, il ne la connaissait pourtant pas personnellement. Mais cette réaction n’a finalement rien de surprenant, tant Hervé Couasnon a multiplié les frasques ces dernières années.
>> Europe1.fr vous propose de passer en revue ses faits d’armes, de son intrusion à l’Elysée à son évasion d’un hôpital psychiatrique.
Juillet 2002, à l’attaque du perchoir
La saga un peu farfelue d’Hervé Couasnon commence en juillet 2002. Il gagne ses "lettres de noblesse" en s'incrustant à l’Assemblée Nationale. Après s’être joué du service de sécurité (il a lui-même été vigile dans sa jeunesse et connaît bien le fonctionnement des vigiles), il rentre dans l’hémicycle lors du discours de politique générale de Raffarin, alors Premier ministre. Il fait honneur au chef du gouvernement de l’époque et tente de lui remettre une coupe. La première escalade à mettre à l’actif d’Hervé Couasnon restera donc celle du perchoir.
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Décembre 2003, le DJ de l’Elysée
Enhardi par sa première performance, Hervé Couasnon, qui est alors convaincu d’être "devenu un expert incontournable pour Chirac, Raffarin et Sarkozy" envoie plusieurs demandes de rendez-vous signées d’un "Hervé Couasnon, poète-escaladeur périgourdin" très enlevé. Sûr de sa force et de son talent, il se rit cette fois-ci de la sécurité rapprochée du président de l’époque, Jacques Chirac. Arrivé sur le perron du palais présidentiel, il tente de lui offrir un CD qu’il a lui-même composé.
Avril 2011, à l’assaut de la mairie de Limoges
Il était déjà monté sur des toits auparavant, comme celui du tribunal où se déroulait le procès de Maurice Papon, sans que personne ne s’en rende compte. Pas découragé pour autant, il escalade la mairie de Limoges à mains nues, avant de redescendre en grande pompe, par l’échelle tendue par les pompiers.
Mai 2012, il turbine dans la centrale de Civeaux
Il voulait "se la faire" cette centrale nucléaire, de son propre aveu. Après plusieurs passages devant le bâtiment, Hervé Couasnon s’est finalement glissé dans son enceinte et a pris la suite des militants de Greenpeace qui s’y étaient introduits dans la matinée du 2 mai. Depuis l’intérieur, il avait alerté les médias par téléphone : "je suis caché dans un taillis". 25 gendarmes du peloton spécial de protection de la Vienne et des chiens ont été mobilisés pour retrouver la trace de notre voltigeur.
Mars 2013, un CV à Barack
Toujours ambitieux, après s‘être autoproclamé conseiller indispensable de la droite française, Hervé Couasnon toque à la porte de Barack Obama. Mais comme il ne fait rien comme tout le monde, il passe par le toit. Il grimpe sur l’ambassade des Etats-Unis à Paris, l’un des bâtiments les mieux surveillés de France, et refuse de descendre tant que son CV n’a pas été transmis au président américain.
Hervé Couasnon s’improvise également ambassadeur et affirme vouloir "parler paix" avec le locataire de la Maison blanche. A noter que l’ambassade américaine fait partie de ses favoris, puisqu’il y était déjà monté en 1990 pour protester contre la guerre."Les GI's n'avaient rien vu venir. L'ambassadeur américain m'a offert le café et un cigare en disant que j'étais très fort", raconte-t-il à Libération.
>> La vidéo d’Hervé Couasnon sur le toit de l’ambassade américaine
Mai 2013, du tarmac à la camisole
Pacifiste acharné, Hervé Couasnon vise moins haut, mais garde de la hauteur. Après avoir tenté d’approcher Obama, il essaye de s’introduire dans le cockpit d’un avion de l’aéroport Toulouse-Blagnac. Il est interpellé après être allé sur le tarmac alors qu’il voulait "transmettre un message de paix". Il le diffusera pendant un mois dans un hôpital psychiatrique de la ville rose, avant de s’évader.
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Juillet 2014, voyage en Italie
Reconversion pour Hervé Couasnon, qui passe de la diplomatie à l’aviation. Après le tarmac de Toulouse-Blagnac, il tente cette fois-ci de prendre un vol Paris-Rome sans billet. Il se fait passer pour un accompagnateur de personnes handicapées, passe les contrôles de la porte d’embarquement et de l’avion. Avant d’être repéré à bord. Dans cette affaire, il risque de 2 à 5 ans de prison. Mais, croyez-le ou non, notre poète voulait simplement montrer les failles de la sécurité.
BONUS : A son palmarès figurent aussi
L’entartage à moitié réussi de Juppé à l’aéroport de Bordeaux, la remise impromptue de la "coupe de la fraternité" à Jacques Chirac à Périgueux, la distribution de poèmes dans la prison de Nice lors du court séjour de Danielle Gilbert, animatrice télé, derrière les barreaux. Accusé de correspondance illégale avec des détenus à cette occasion, Hervé Couasnon le poète avait été défendu par un avocat non moins lyrique. Son défenseur avait alors argué que "seul le vent était coupable" d’avoir propagé les poèmes jetés en l’air par son client.