Deux frères de 10 et 12 ans condamnés par un père violent à dormir dans une cave insalubre. L’enfer vécu par ces deux enfants, maltraités et dénutris pendant au moins trois ans, à Pavillon-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, avait suscité l’indignation générale au moment des faits, en avril 2013. D’autant qu’au dessus de cette chambre insalubre, le père, sa compagne et l'un des enfants de celle-ci vivaient tout à fait normalement. Le couple comparaît mercredi devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour "violences habituelles" et "privation de soins et d’aliments au point de compromettre la santé".
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Damien, 12 ans, pousse la porte d’un commissariat. Cette affaire est d’abord l’histoire d’un enfant, Damien, 12 ans, qui sauve sa peau et celle de son petit frère, Hugo, âgé de 10 ans, en passant la porte d’un commissariat un soir d’avril 2013. L’enfant vient dénoncer son père, ses coups de plus en plus violents et le temps passé dans une cave, sans chauffage et parfois sans nourriture. Quand les policiers sont arrivés au domicile, ils ont en fait découvert les conditions abominables dans lesquelles les enfants étaient obligés de dormir : un mince matelas "posé au sol", dans la cave de la maison, qui était "très sale" et "dans un état de délabrement avancé".
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Les deux frères étaient suivis depuis 6 ans. C’est aussi une histoire où rien n’est caché, où tout le monde est au courant. Quand Damien vient dénoncer son père, les deux garçons sont suivis depuis six ans par les services sociaux et un juge des enfants. Une forme de protection en temps normal. Mais pour les deux frères, un placement en famille d’accueil ou en foyer est attendu pendant des mois, sans résultat. Le père le réclame lui-même et le juge est d’accord. Mais le magistrat a besoin de temps pour trouver la bonne place aux deux enfants.
Les carences du système français en question. Pour Rodolphe Costantino, avocat de l’association Enfance et Partage, ce temps perdu relève de la catastrophe. "Pendant tout ce temps, on préfère les laisser dans une famille dans laquelle ils subissent des mauvais traitements d’une extrême gravité au quotidien. Dans les derniers mois, ces enfants sont traités comme des animaux et je ne pense même pas que l’on traite des animaux ainsi", estime l’avocat.
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Ce ne sont pas les services sociaux ni le juge des enfants qui sont sous désormais sous le feu de la justice, mais plutôt un système qui est mis en cause. Il s’agit d’une tradition française : doit-on laisser à tout pris laisser des enfants chez leurs parents, alors même que tout le monde sait qu’ils y sont en danger ?