La France a découvert son visage il y a un mois, entre les deux tueries de Charlie Hebdo et de l’épicerie casher de Vincennes. Hayat Boumeddiene, la compagne d'Amedy Coulibaly, l’auteur de la fusillade de Montrouge et de la prise d’otages sanglante de l’Hyper Casher, qui est suspectée d’avoir rejoint la Syrie dans les jours précédent les attaques de Paris, refait parler d’elle. Le second numéro du magazine en langue française de l’organisation Etat islamique, Dar Al-Islam, publie mardi ce qui est présenté comme une interview de la jeune femme.
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"Allah m’a facilité la route". Dans cet entretien, enluminé de fleurs grises et rouges, le nom d’Hayat Boumeddiene n’apparait jamais formellement. La jeune femme est simplement présentée comme "l’épouse de notre frère Abdoullah Al-Ifriqui", la dénomination de combattant choisie par Amédy Coulibaly", et plus loin comme "la sœur". Elle n’y évoque jamais les actes de son compagnon, si ce n’est en demandant "qu’Allah lui fasse miséricorde et le compte parmi ses rapprochés". La totalité du magazine dans lequel se trouve cette interview est cependant consacrée aux attaques qui ont touché la France.
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L’interview débute par une question sur son sentiment depuis qu’elle a rejoint les terres conquises par l’EI. "Louange à Allah qui m’a facilité la route, je n’ai rencontré aucune difficulté", explique-t-elle. Hayat Boumeddiene confie ensuite ressentir "un soulagement d’avoir accompli cette obligation". Celle de rejoindre "une terre qui est régie par les lois d’Allah".
Les vidéos de l’EI faisaient "briller" les yeux de Coulibaly. L’entretien se poursuit sur le ressenti d’Amedy Coulibaly lors de la proclamation du califat entre la Syrie et l’Irak par le chef de l’organisation, en juin dernier. "Il s’est énormément réjoui et a tout de suite rendu véridique le calife ainsi que le califat", rapporte Hayat Boumeddiene. "Son cœur brûlait d’envie de rejoindre ses frères et de combattre les ennemis d’Allah sur la terre du califat", poursuit-elle.
La jeune femme raconte ensuite la fascination qu’exerçait la propagande de l’EI sur son mari, dont les yeux "brillaient à chaque fois qu’il visionnait les vidéos". "Il disait : ‘il ne faut pas me montrer ça’ car cela lui donnait envie de partir immédiatement", rapporte-t-elle encore.
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Pour conclure, une tribune sur la foi. La suite de l’échange, et en vérité les trois-quarts de l’interview, tient dans une longue tribune sur la foi et la nécessité de rejoindre les terres du califat. Elle y appelle également ses "sœurs" musulmanes à être pour "leurs maris, frères, pères, fils, des bases arrières sûres" et à leur "faciliter les choses".
Une interview qu’il est cependant aujourd’hui impossible d’authentifier. Même si la publication en elle-même apparait comme un des canaux de publication privilégiés de l'organisation, aucune photographie de la jeune femme ne permet en effet de dater ou de localiser cet entretien.
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