"Horreur et désolation". C'est en substance les sentiments des proches d'Hervé Gourdel à l'annonce de sa décapitation, mercredi après-midi. L'otage français avait été enlevé dimanche en Algérie par un groupe djihadiste ayant prêté allégeance à l'Etat islamique. Alors que ses proches entretenaient un mince espoir de retrouver Hervé Gourdel en vie, la diffusion de la vidéo de sa décapitation a suscité un véritable choc.
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Sa femme s'effondre, en larmes. D'abord pour sa femme, Françoise, qui a passé la journée dans son appartement avec son fils. Elle se trouvait dans le salon quand elle a appris la nouvelle. Elle a été aperçue, au téléphone, en train de parcourir la pièce de long en large. Puis, au bout de quelques instants, elle s'est effondrée, en larmes, tout près de la fenêtre.
Au même moment, l'agitation et la nouvelle s'est répandue dans le quartier de Nice, où vivait le couple. Aussitôt, les voisins, dont plusieurs jeunes amis Erwan, le fils d'Hervé Gourdel, sont venus spontanément se placer sous les fenêtres, les yeux rougis.
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"Son mari n'est plus là". Face à toute cette agitation, la voisine du couple est sortie de chez elle. Mais elle n'était pas encore au courant. "Il est mort... Mon Dieu. C'est ce qu'ils avaient dit : "écrasez-le, décapitez-le". Il n'y a pas de mot pour qualifier ça. C'est inadmissible, inacceptable. Je ne pense pas pouvoir me permettre d'aller voir sa femme. Qu'est-ce-que je pourrai lui dire ? Que je suis triste pour elle ? Que je lui présente mes condoléance ? A quoi ça sert ? Son mari n'est plus là", réagit-elle émue.
"C'est impensable". A Saint-Martin-Vésubie, où Hervé Gourdel exerçait son travail de guide de haute-montagne, ses amis et ses proches sont aussi sous le choc. A l'image de cette employée municipale, qui se cache derrière son guichet, recroquevillée sur son siège depuis plusieurs minutes. Cette amie proche d'Hervé Gourdel camoufle ses pleurs. Elle est incapable de prononcer un mot.
Sur la place du village, une vieille dame apprend l'exécution de cet homme, qu'elle connait depuis des années. "Ce n'est pas possible. C'est impensable. Qu'est-ce qu'il demandait ce bonhomme ? Ça me désole. C'est quelque chose d'affreux. Ce n'est pas normal que des êtres humains agissent de cette façon. C'est l'horreur et la désolation de voir que l'on ne peut pas arrêter tout ça", déplore-t-elle.
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"Ce sont vraiment des barbares". Habitants, amis, connaissances… tous arrivent sur la place, visage figé. Tous sont abasourdis, comme cet homme qui lâche quelques mots, désespéré. "J'en suis malade, je le voyais tous les jours. C'était un ami. Je le connaissais très bien. C'était un gars super bien. Je pense à lui", glisse-t-il au bord des larmes. Tous se souviennent de lui. Ghislaine, elle, a les yeux posés sur sa photo, qui a été affichée devant l'entrée de la mairie. "La semaine dernière, je le voyais dans la rue, il parlait à tout le monde. Ça me fait vraiment de la peine. Ce sont vraiment des barbares", réagit-elle.
Une messe a été donnée au village. Alors que les habitants apprenaient l'exécution d'Hervé Gourdel dans l'après-midi, la pluie s'est mise à tomber sur la vallée et les montagnes qu'Hervé Gourdel connaissait si bien.