Les autorités espèrent toujours pouvoir auditionner la fillette de sept ans, le témoin-clé dans cette affaire. Mais avant d'entendre d'éventuelles "révélations", les enquêteurs de la tuerie de Chevaline, en Haute-Savoie, ont décidé, une semaine jour pour jour après les faits, de concentrer leurs efforts sur trois pistes.
"Il y a trois grands axes à privilégier : le métier, la famille, l'Irak", a avancé le procureur Eric Maillaud, ajoutant qu'"il n'y a pas actuellement de suspect", mais "des pistes". "On a la piste de la profession d'ingénieur de monsieur al-Hilli. Et on a la piste de l'Irak, ses origines", a poursuivi le procureur qui a indiqué que les corps des victimes avaient été rendus à leurs familles. Europe1.fr fait le point sur l'enquête
En Angleterre. Sur le terrain, l'enquête se poursuit mercredi des deux côtés de La Manche. "Si Annecy est le lieu de ce drame (...) vraisemblablement un grand nombre d'explications se trouvent là-bas, en Grande-Bretagne", a déclaré le procureur de la République à Annecy, Eric Maillaud, lors d'une conférence de presse. Il doit arriver jeudi en milieu de matinée en Angleterre avec l'un des deux juges d'instruction chargés de l'enquête, Michel Mollin. Ils se rendront à Claygate, où résidait la famille al-Hilli.
Cette visite de 24 heures a pour but, a-t-il assuré, de "renforcer la qualité de la coopération entre la Grande-Bretagne et la France" et "faire en sorte que l'enquête aille le plus vite possible sans que la langue et les cultures juridiques différentes ne puissent constituer une barrière".
En Grande-Bretagne, les enquêteurs devaient poursuivre mercredi pour la cinquième journée consécutive leur perquisition à Claygate, au domicile de la famille al-Hilli après avoir réussi la veille à ouvrir un coffre-fort. La perquisition doit continuer jusqu'à jeudi ou vendredi.
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A Chevaline. En France, la route forestière conduisant au parking où s'est déroulée il y a une semaine l'exécution est restée fermée mercredi. Un 4X4 de couleur sombre, aperçu par des témoins, était recherché et ses possibles itinéraires de fuite répertoriés. Le recueil des enregistrements vidéos pris par des communes, des commerces ou des particuliers devait se poursuivre.
Une enquête de voisinage élargie, pour recueillir un maximum de témoignages, a été réalisée afin de reconstituer l'emploi du temps de la famille qui s'est déplacée durant ses vacances en France.
La piste du différent familial. La piste d'un conflit familial entre le père de famille et un de ses frères sur fond d'héritage n'est toujours pas écartée même si le frère "nie l'existence" d'un conflit familial. Les policiers ont entendu depuis samedi comme "témoin" libre Zaid, le frère de Saad al-Hilli, établi comme lui dans le comté du Surrey. Ils n'ont pas commenté des informations faisant état d'une brouille entre les deux frères, à propos d'un héritage consécutif à la mort de leur père en Espagne l'an dernier.
Dans le même temps, le frère de la grand-mère, au passeport suédois, Ahmed al-Saffar, a fait communiquer à la presse à Londres un texte où il écrit : "nous avons le cœur brisé par ce crime choquant et nous avons été touchés par les marques de sympathie venues du monde entier (…) Nous espérons que les responsables de la mort de nos bien-aimés seront traduits rapidement devant la justice", a-t-il ajouté.
Le témoignage de Zainab. La fillette de 7 ans, grièvement blessée dans la tuerie, ne sera entendue que quand son état de santé le permettra, a précisé le procureur. Les enquêteurs attendent beaucoup de l'audition de la fille aînée du couple, seul témoin à pouvoir peut-être décrire la scène de la tuerie, alors que sa petite sœur de 4 ans, cachée pendant huit heures dans la voiture, "a entendu, mais rien n'a rien vu", selon Eric Maillaud.
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Gravement blessée, Zainab, 7 ans, hospitalisée à Grenoble, se trouvait sous sédatifs après être sortie dimanche du coma artificiel dans lequel elle avait été plongée.