L'enquête sur la fusillade qui a fait deux morts et six blessés dans la nuit de samedi à dimanche à Lille piétine. Si l'auteur présumé des coups de feu qui ont coûté la vie à deux personnes a été identifié, l'homme reste activement recherché. Le complice, qui a permis au tireur de prendre la fuite, est lui aussi en cavale. Les autopsies pratiquées lundi en fin de journée sur les victimes ont toutefois permis d'en savoir plus sur les causes de leur mort. Europe1.fr fait le point sur l'enquête.
Que s'est-il passé dans la discothèque ? Les faits se sont produits vers 3 heures du matin, rue Gambetta, à 100m de la place de la République. Furieux d'avoir été éconduit de la discothèque "Theatro", un client est revenu devant l'établissement pour ouvrir le feu avec une arme de type kalachnikov.
"Je vais te fumer", aurait-il alors déclaré, avant de revenir environ cinq minutes plus tard. Là, il a tiré en rafale sur des personnes qui se trouvaient à l'entrée de la discothèque. Puis, l'auteur a sauté dans une Citroën C5 de couleur bleu dans laquelle l'attendait un complice.
"Les faits se sont déroulés en deux temps, il y a bien eu préméditation, le tireur a eu le temps de penser à ce qu'il faisait, et l'arme se trouvait déjà dans son véhicule", a noté une source proche de l'enquête.
Combien de victimes ont été dénombrées ? Une employée de la discothèque âgée de 26 ans a été tuée, ainsi qu'un client, originaire de la banlieue lilloise, âgé de 27 ans. Au total, six personnes ont été blessées par balles aux membres inférieurs mais aucun pronostic vital n'est engagé. Une trentaine d'impacts de balle ont été relevés sur la devanture de l'établissement.
Comment sont-elles mortes ? Selon les résultats des autopsies pratiquées lundi en fin de journée, les deux victimes sont "décédées finalement chacune d'une balle", selon une source proche de l'enquête. La jeune femme qui tenait le vestiaire, situé à l'entrée de la boîte de nuit le "Theatro", est décédée après avoir reçu "une balle à la base du cou", a-t-on précisé de même source.
Le client, employé par le bailleur social Lille Métropole Habitat (LMH) à Tourcoing, a pris "une balle en bas de l'épaule gauche, qui lui a traversé tous les organes vitaux, les poumons, le coeur et l'aorte", alors qu'il s'apprêtait à quitter l'établissement, a ajouté la source proche de l'enquête.
Quel est le profil du tireur ? L'auteur présumé des coups de feu, Fayçal Mokhtari, est un homme de 32 ans. Il était depuis longtemps déjà "très défavorablement connu des services de police et de justice et a déjà été condamné" à plusieurs reprises, a indiqué le procureur de la République à Lille, Frédéric Fèvre.
"Il a un long passé de délinquance derrière lui et un profil violent", a souligné un policier lillois, énumérant des "séries de vols à main armée, violences volontaires avec armes, trafic de stupéfiants, incendie volontaire. Un beau palmarès", a-t-il commenté. Il aurait été condamné pour la première fois à l'âge de 18 ans pour recel, selon ce policier.
Condamné à Meaux en 2008 à deux ans de prison ferme pour vol aggravé et association de malfaiteurs, il n’a jamais exécuté cette peine. Le procureur de Lille précise que cet homme devait être reçu courant juillet par un juge d’application des peines pour se voir notifier son placement en régime de semi-liberté, qui l’aurait obligé à rentrer dormir en prison chaque soir.
L'auteur présumé des coups de feu avait par ailleurs déjà menacé plusieurs videurs d'autres boîtes de nuit de la métropole lilloise. "Fayçal Mokhtari, on le connaissait, c'était un habitué des soirées Rn'B de Lille et des environs. C'est un gars qui présentait bien, mais qui pouvait parfois avoir des comportements agressifs", déclare un ancien "portier" du "Theatro".
Que sait-on de son complice ? Le complice qui aurait aidé Fayçal Mokhtari à s'enfuir possède un profil "bien différent et bien moins dangereux", a indiqué la source. Son implication dans les faits est "plus légère (...), puisqu'il n'aurait joué que le rôle de chauffeur du tireur, qui est bien seul à avoir fait feu", a-t-elle ajouté.
Il s'agit d'un jeune homme de 24 ans, originaire de Lille, qui a pratiqué la boxe thaïlandaise, notamment dans un club de la banlieue lilloise pendant huit ans. Il aurait ensuite été champion de Belgique en semi-professionnel, selon l'un de ses anciens entraîneurs, qui le décrit comme un "garçon bosseur et assidu".
"Il était déjà connu des services de police, mais pour des faits de moindre importance que le suspect principal", a indiqué la source, précisant qu'il avait été notamment impliqué dans des faits de dégradations de biens.
Où en sont les recherches ? Une quarantaine d'agents de la police judiciaire ainsi que l'ensemble des effectifs disponibles des commissariats de Lille, Roubaix et Tourcoing sont mobilisés pour tenter de retrouver le tireur. Une fiche de renseignement, avec le nom, le prénom et la photo du tireur présumé, a été diffusée aux policiers français.
Des témoins ont été entendus dans le week-end et les auditions se poursuivaient lundi. "Des investigations sont menées tout azimuts dans différents endroits, mais il n'y a toujours aucune arrestation, ni de nouveaux éléments décisifs pour le moment", a-t-on appris d'une source proche de l'enquête.
Les deux hommes "seraient susceptibles de s'être rendus en Belgique", a indiqué une autre source. Un policier syndicaliste avait indiqué dimanche que le tireur présumé possèderait une résidence près de Bruxelles. Les policiers belges ont été mobilisés dès dimanche et ont effectué divers échanges de renseignements avec leurs collègues français. Un signalement des deux hommes a été largement diffusé des deux côtés de la frontière.