Qui est Yoann, l'un des deux jeunes suspectés d'avoir été "prêts à passer à l'action" terroriste et interpellés jeudi à Marignane, dans les Bouches-du-Rhône ? La correspondante d'Europe 1 à Marseille a rencontré des voisins et des amis qui dressent le portrait d'un garçon déboussolé à la soif de reconnaissance.
"Un jeune prédestiné". "Je m'attendais à ce qu'il tourne mal, confie au micro d'Europe 1 une voisine de Yoann. Décrit comme "violent" et "impulsif", le jeune majeur commençait à se tailler une solide réputation dans son quartier - résidentiel -, aidé par un casier judiciaire garni de sept condamnations pour vols, dégradations ou détention de drogue. "Une fois, il m'a même menacé avec un couteau. Son père est intervenu pour l'empêcher et il avait sorti un second couteau de sa jambe", se souvient cette voisine.
Du rap à "la musique guerrière". Yoann semble avoir basculé ces derniers mois. Ces voisins ont vu le changement, surtout quand il a délaissé son rap pour une "musique guerrière, avec les cris et tout ça", témoigne une autre voisine qui a alerté la police à plusieurs reprises. Ses mises en scène dans des vidéos postées sur Internet ou ses sorties avec des drapeaux salafistes ont commencé à inquiéter le voisinage. Sur leur profil Facebook, ils s'étaient "mis en scène en jihadistes", des "armes à la main", et avaient "posté une vingtaine de vidéos jihadistes", a expliqué une source policière. La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) elle, était déjà sur le coup, après que les deux jeunes ont envoyé un mail de menaces au président américain Barack Obama.
"Il s'endoctrinait tout seul". Interrogé, l'un des voisins ose la comparaison avec le tueur au scooter. "Il brandissait un fusil, il se prenait pour Mohamed Merah", glisse cet homme qui a vu Yoann "basculer dans l’extrémisme". "Il ne sortait plus qu'enturbanné. On ne voyait plus que ses yeux, il s'endoctrinait tout seul", ajoute une voisine. Inquiets, ils finissent par porter plainte "le jour où la police est venue quand il a tiré des coups de feu chez lui".
"Il ne serait pas allé jusqu'au bout". Son ami d'enfance, "Momo", prend lui sa défense. "Il ne serait pas allé jusqu'au bout", jure-t-il au micro d'Europe 1. "Il n'a pas les convictions, ce n'est pas un fou. Quand on discutait, on pouvait toujours le raisonner", ajoute-t-il. Yoann ne fréquentait pas la mosquée, assurent ses proches, qui refusent de le considérer comme un terroriste, parlant plutôt d'un "illuminé qui voulait faire parler de lui". Le pavillon où il vivait seul avec son père a été perquisitionné jeudi. A l'intérieur, les policiers ont retrouvé les ingrédients nécessaires à la fabrication du TATP, un explosif très puissant, ainsi que des armes. Le père, âgé de 69 ans, a été placé en garde à vue avec les deux jeunes.