Une somme "record". C'est en ces termes que l'avocat d'Anne-Laure, devenue tétraplégique à l'âge de 14 mois suite à un accident de voiture, a qualifié les 12,5 millions d'euros d'indemnisation accordés par le tribunal Marseille, vendredi.
Cette indemnisation, que la compagnie Gan Assurances a été condamnée à lui verser, se décompose en près de 4,5 millions d'euros en capital, et 7,9 millions d'euros, qui seront versés sous la forme d'une rente indexée tous les ans, a précisé Me Jacques-Antoine Preziosi.
Victime d'un chauffard. Si la somme semble faramineuse, on est pourtant loin d'une décision de justice extravagante. Car derrière les chiffres "record" de cette indemnisation, se cache la dure réalité du quotidien de cette jeune fille de 17 ans, victime d'un accident de la route lorsqu'elle n'avait que 14 mois. En décembre 1998, la voiture dans laquelle ses parents circulent avec leurs trois enfants est percutée de plein fouet par un chauffard arrivant en sens inverse. Anne-Laure en sort tétraplégique, handicapée à vie.
Pour garantir un accompagnement au quotidien. Les sommes qui lui sont allouées par cette décision n'ont donc rien d'extraordinaire. Les 480 euros quotidiens qui seront versés à vie à Anne-Laure correspondent en réalité aux 20 euros de l'heure nécessaire pour rémunérer une tierce personne pouvant s'occuper d'elle 24h/24 en raison de son handicap. D'autres tétraplégiques ont déjà obtenu plus, sauf que dans les cas où le plaignant a plus d'une cinquantaine d'années, la somme globale est beaucoup moins importante.
Les assurances, "un monde impitoyable". L'affaire était pourtant loin d'être gagnée, a raconté son avocat au micro d'Europe 1. "C'est un vrai parcours du combattant car le monde assurantiel est un monde impitoyable. En réalité, le but est quand même de payer le moins possible. L'assureur a offert trois fois moins que cela ne vaut : 144 euros/jour alors que le tribunal en alloue 480. Vous voyez l'indécence de l'offre quand on connait la jurisprudence", a dénoncé Me Preciozi.
Une indemnisation accordée 16 ans après les faits. Pour l'avocat, l'importance du montant atteint "est lié au fait que l'évaluation des dommages corporels progresse, et aussi au très jeune âge de la jeune fille". Pour évaluer l'indemnisation de la jeune fille, il a fallu pas moins de 16 ans parce qu'il fallait que l'état de santé de la victime soit stabilisé et sa croissance achevée afin de mesurer les conséquences de l'accident. D'autant plus, qu'elle subira jusqu'à sa mort ce préjudice, ont estimé les médecins experts.
Et l'affaire n'est peut-être pas finie, car Anne-Laure pourra faire réévaluer plus tard son préjudice en fonction d'éventuelles pertes de gains professionnels. Malgré son handicap la jeune fille poursuit actuellement de brillantes études en terminale S. En espérant devenir ingénieure.