L'info. Les auteurs présumés des coups de feu tirés dans la cité marseillaise de la Castellane, le 9 février dernier, seraient des hommes de main albanais recrutés par des trafiquants de drogue du quartier pour régler leurs comptes avec une bande rivale. Cette fusillade était intervenue quelques heures à peine avant la visite du Premier ministre Manuel Valls. Arrivés sur place après avoir été prévenus par les riverains qui avaient entendu ces coups de feu lancés en l'air, les policiers avaient ensuite été la cible de tirs.
Un procédé inédit dans la cité phocéenne. C'est une première à Marseille. Les dealers de la cité de La Castellane, ont fait appel à des "sous-traitants", sans doute albanais, pour régler leurs affaires. Ces tireurs ont été recrutés spécialement hors de France, en Allemagne, par le biais d'un intermédiaire qui a trouvé les bons profils : des hommes parfaitement entrainés et équipés, prisés par les trafiquants.
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Quel était l'objectif du contrat passé avec les mercenaires ? En ayant recours à ces hommes de main, les caïds visaient ainsi à s'emparer du "plan stup" de la tour K, le plus lucratif de ce quartier réputé pour être un "supermarché de la drogue". Le commando paramilitaire d'une dizaine d'hommes était d'ailleurs sur le point d'entrer en action, en pleine journée.
Des hommes aguerris au combat. Des mercenaires particulièrement aguerris. "Si l'on parle d'équipes qui viennent de l'Est, on les sait rodées au combat et équipées.", a expliqué le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Jean-Paul Bonnetain, au micro d'Europe 1. Autre avantage non négligeable pour les dealers qui usent de leurs services : "Ils coûtent peut-être moins cher que d'autres et sont sans doute plus fiables, puisque non susceptibles de trahison comme lorsqu'on peut faire appel à des gens trop proches du réseau", a précisé le préfet. "Ils repartent, une fois le travail ayant été exécuté. Les trafiquants craignent beaucoup au sein même de leurs structures, voire entre réseaux. "
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7 kalachnikovs et 300 cartouches retrouvées dans une planque. "Il y a un enjeu financier qui est considérable, qui fait que les trafiquants ne renoncent pas", a poursuivi le préfet au micro d'Europe 1. En effet, la tour visée par les trafiquants dans cette guerre de territoire représente un chiffre d'affaires quotidien de 40.000 euros.
Le commando, quant à lui, a-t-il été payé? Car l'opération ne s'est pas déroulée tout à fait comme prévu. Sept kalachnikovs et 300 cartouches ont été retrouvées lors des perquisitions menées par les forces de l'ordre durant de la vaste opération menée en fin de matinée, le 9 février. En tout cas, depuis, la cité de La Castellane demeure sous surveillance 24h/24 et la police judiciaire poursuit son enquête.
Plusieurs mis en examen. Lundi, un individu soupçonné d'être impliqué dans les tirs à la kalachnikov a été déféré lundi devant le parquet, a-t-on appris de source judiciaire. Le procureur de la République de Marseille, Brice Robin, a requis sa mise en examen, notamment pour tentatives d'homicides en bande organisée sur des agents de la force publique, et son placement en détention.Cet homme avait été interpellé jeudi dernier, en compagnie d'un autre homme soupçonné d'être impliqué lui aussi dans ces tirs à la kalachnikov. Mais, il a été relâché sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui. Le même jour, deux autres suspects, interpellés en Seine-Saint-Denis, avaient été mis en examen des mêmes chefs d'inculpation et écroués.
Considérés comme les responsables d'un réseau de trafic de drogue, ils sont aussi poursuivis pour infraction à la législation sur les armes en bande organisée, trafic de stupéfiants en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre des tentatives d'homicide volontaire.
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