Alors que l'affaire des policiers ripoux de Marseille prend de l'ampleur, le témoignage d'un dealer de la citée phocéenne vient confirmer les soupçons de racket. Les policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) sont en effet suspectés d'avoir volé ou extorqué de la drogue et de l'argent à des dealers. Douze d'entre eux ont été placés en garde à vue mardi et ont commencé à être déférés vendredi au parquet de Marseille.
Interrogé par Europe 1, un jeune dealer n'hésite pas à parler de méthodes de ripoux. "On voyait leur voiture, on savait que c'était des ripoux. Ils prenaient des sous. Parfois nous avions de grosses sommes d'argent sur nous, soit ils les prenaient, soit ils nous amenaient au poste et c'était des problèmes", raconte-t-il au micro d'Europe 1.
"On les laissait prendre l'argent"
Soucieux d'éviter toute déconvenue avec les forces de l'ordre et la justice, le dealer s'exécutait. "Vu qu'on ne cherchait pas les problèmes, on les laissait prendre l'argent. On s'en fout nous, on préfère qu'ils prennent l'argent, plutôt qu'ils nous embarquent", commente le jeune dealer.
"On les laissait prendre l'argent" :
Les fonctionnaires de police sont en effet suspectés d'avoir volé, ou de s'être fait remettre, des produits stupéfiants ou de l'argent. "Un certain nombre d'entre eux, apparemment, se payaient sur la bête ou prélevaient leur dîme en espèces ou en nature à des fins sans doute personnelles, ou peut-être pour accomplir leur travail d'infiltration du milieu délinquant", a abondé jeudi Jacques Dallest, le procureur de la République.
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"La prochaine, on court"
Les sommes extirpées par les policiers pouvaient être élevées, assure le dealer au micro d'Europe 1. "Ils venaient, ils nous prenaient (l'argent, ndlr), on fermait notre gueule et voila. Une fois, ils m'ont pris 1.500 euros et à mon collègue ils ont pris 1.800 euros", se remémore-t-il. Les premières investigations menées au domicile des suspects et à la brigade de la BAC Nord de Marseille viennent confirmer les accusations. Des équipes cynophiles ont découvert 500 grammes de haschich au total, de l'argent et des objets ont aussi été saisis dans les locaux de la BAC.
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Le jeune dealer se souvient également des violences dont il a été victime. "Ils employaient tout le temps la violence. La prochaine fois qu'on les voit arriver, on court ", assure-t-il. Et de conclure : "après ils s'étonnent de se retrouver tête à tête avec des jeunes, à se faire frapper, voilà, ça part en bagarre."