Une femme a été victime d'un arrêt cardiaque après avoir subi une expertise pour savoir si la pathologie dont elle souffre depuis des années est liée au Mediator, a indiqué dimanche le Dr Irène Frachon, qui dénonce la "violence procédurière" des laboratoires Servier.
Cette femme de 57 ans, "qui vit en sursis avec une insuffisance cardiaque dramatique et deux prothèses valvulaires", a subi samedi une expertise judiciaire "très, très éprouvante" de plusieurs heures à Rennes, a précisé le Dr Frachon, qui a mis au jour les risques du Mediator. Une demi-heure plus tard, peu après être montée dans le train pour rentrer chez elle à Brest, "elle a fait un arrêt cardiaque", a-t-elle poursuivi. Elle est actuellement en réanimation à Rennes et "son état est grave", a précisé Irène Frachon, qui se rendait à son chevet.
"Une violence procédurière" éprouvante
Lors de l'expertise judiciaire, qui a eu lieu en présence notamment de son avocat, d'un expert judiciaire, d'un avocat des laboratoires Servier ainsi que d'un cardiologue mandaté par ces derniers, il lui a été demandé "un petit test d'effort", selon la pneumologue de Brest. "On ne peut pas dire qu'il y a un lien de causalité direct", a déclaré le Dr Frachon. "Mais il y a une violence procédurière qui peut mettre les patients très fragilisés dans des situations extrêmement difficiles", a-t-elle ajouté.
Cette femme, qui a porté plainte en juillet 2010 après une grave pathologie cardiaque, "strictement liée au Mediator" qu'elle a commencé à consommer en 2007 selon Irène Frachon, "subit le délire procédurier du laboratoire Servier". "Tout est remis en cause, discuté virgule par virgule. C'est une deuxième violence", s'est indignée la pneumologue, qui souligne que cette femme "est tellement handicapée par sa maladie qu'elle ne peut pas prendre sa voiture".
"Les laboratoires Servier vont maintenant se battre"
De son côté, le député PS Gérard Bapt a aussi dénoncé "le parcours des combattants" des victimes du Mediator. "Les laboratoires Servier vont maintenant se battre comme des chiens, au cas par cas, avec leurs avocats rompus depuis des années à ce genre d'exercices, avec des médecins méprisants, en demandant l'histoire clinique des malades depuis leur naissance. C'est véritablement scandaleux", a-t-il déclaré.
Le Mediator a été retiré du marché en novembre 2009 en raison des risques cardiaques encourus par les patients. Destiné aux diabétiques en surpoids, mais largement prescrit comme coupe-faim, il a causé de 500 à 2.000 décès, selon plusieurs études.