Lorsque Mohamed Merah a été abattu par le RAID dans son appartement de Toulouse, il faisait l'objet, de près ou de loin, d'une surveillance des services de renseignement depuis six ans. Pour comprendre comment les tueries de Toulouse et Montauban ont été possibles, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a commandé un rapport sur les "dysfonctionnements" de cette affaire. Ce document de 17 pages, rendu public mardi, pointe plusieurs "défaillances objectives" dans la gestion du dossier de Mohamed Merah du 20 octobre 2006 au 22 mars 2012.
Europe1.fr revient sur les étapes de ces défaillances.
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Octobre 2006, Merah apparaît sur les radars. A partir du 20 octobre 2006, Mohamed Merah a fait l'objet d'une fiche "s" (fiche sureté de l'Etat) éditée par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), dans le cadre de la surveillance de la mouvance salafiste toulousaine. Ces fiches ont une durée de validité d'un an, renouvelable.
Mars 2010, la fiche Merah est désactivée. Le rapport d'enquête s'interroge sur "la désactivation inopportune de cette fiche entre mars 2010 et janvier 2011". La DCRI a considéré, "à tort", pointe le rapport, que plus aucun élément ne justifiait son maintien. Pourtant, les coordonnées de Merah ont été découvertes en octobre 2009 dans une liste de contacts d'un des membres d'une filière toulousaine d'acheminement de djihadistes vers l'Irak.
Janvier 2011, réactivation de la fiche. Le 10 janvier, la DCRI a réactivé sa veille : deux mois plus tôt, en novembre 2010, Mohamed Merah a été contrôlé par la police afghane à Kandahar, "connu pour être une zone de transit abritant des cellules djihadistes" note le service de renseignement selon le Monde.
Mars-Avril 2011, le potentiel de Merah identifié. Le comportement de Merah a fait l'objet de plusieurs notes de la DCRI évoquées par le quotidien. En mars, un des policiers du renseignement a expliqué qu'"il vit cloîtré dans son appartement" et "fait preuve d'une grande méfiance lors de ses rares sorties". En avril, les enquêteurs ont "identifié le profil islamiste de Mohamed Merah, son comportement méfiant et sa radicalité potentielle", note le rapport de l'IGPN.
Avril-Aout 2011, "série de défaillances objectives". La surveillance est alors entrée dans une phase d'évaluation où la lenteur de la bureaucratie du renseignement s'est avérée fatale. Le rapport pointe un long délai de réaction de la centrale de la DCRI d'une part et un attentisme du service Toulousain d'autre part. Conséquence : aucune décision n'a été prise sur d'éventuelles dispositions à l'encontre de Merah.
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19 aout 2011, il embarque pour le Pakistan via Oman. Dans le rapport, les enquêteurs de l'IGPN s'interrogent sur l'absence sur sa fiche de mention de ce départ de Roissy pour Lahore, au Pakistan, via Oman. Explications recueillies : Merah n'est pas ajouté au fichier des personnes recherchées car Oman ne figure pas dans liste des 31 destinations considérées comme sensibles, comme c'est le cas du Pakistan. Il rentre de ce voyage en octobre.
14 novembre 2011, entretien à la DCRI. L'enquête pointe le manque de préparation des agents du renseignement intérieur", "qui n'ont jamais été en mesure de mettre Mohamed Merah face à ses contradictions". Les conclusions de l'entretien "n'ouvrent aucune perspective opérationnelle" et à partir de janvier 2012, le dossier Merah, n'est plus prioritaire. Trois mois pus tard, Le 11 mars, Mohamed Merah faisait sa première victime.