L'homme de 38 ans, interpellé et placé en garde à vue, mercredi soir, après le rapt et le meurtre de la petite Chloé, âgée de 9 ans, à Calais, a reconnu "immédiatement son implication dans le meurtre de l'enfant", a déclaré le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, jeudi matin. Cette garde à vue a été prolongée jeudi soir de 24 heures.
Le suspect a reconnu le viol et le meurtre. Ce Polonais avait été interpellé mercredi, en fin d'après-midi, tout près de l'endroit où l'on a retrouvé le corps dénudé de la petite Chloé, dans le bois Dubrulle, en zone portuaire de Calais. Lors de son arrestation, le suspect était tellement alcoolisé - plus d'un gramme d'alcool par litre de sang - que c'est en cellule de dégrisement qu'il a passé ses premières heures de garde à vue. Une fois en état de répondre aux questions des enquêteurs, l'homme a "immédiatement" reconnu avoir violé puis tué la fillette qu'il avait enlevé en pleine aire de jeux, sous les yeux de riverains, impuissants.
Bien connu des services de police. Le suspect s'était installé dans la région il y a une dizaine d'années. Ce Polonais était venu en France pour tenter d'intégrer la Légion étrangère, mais sans succès. L'homme a vécu alors de petits boulots d'ouvrier et de missions d'intérim pendant plusieurs années. Et c'est alors que son casier judiciaire s'est étoffé à vitesse grand V.
Interdit de territoire français... à tort. Il a déjà été mis en cause dans plusieurs affaires. Notamment en juin 2009, lorsqu'il s'introduit chez une retraitée, couteau à la main, pour lui soutirer de l'argent. Des affaires d'extorsion avec violence et de vol aggravé pour lesquelles il a été condamné, à deux reprises. Ainsi, en novembre 2004, il écope de quatre ans de prison pour "extorsion avec violence", "séquestration" et "vol aggravé". En mars 2010, de nouveau condamné pour des faits similaires, il est condamné à six ans de prison. Cette peine est assortie d'une interdiction de territoire français.
Problème : cette décision prononcée par le tribunal de Boulogne-sur-Mer n'était "pas applicable" au regard des infractions alors commises, a précisé jeudi le procureur Jean-Pierre Valensi. Cette décision ne "pouvait être amenée à exécution puisque son prononcé n'était pas légalement encouru pour les faits pour lesquels il avait été condamné", a-t-il ajouté. "La loi prévoit pour certaines infractions l'interdiction du territoire français et pour d'autres non", a poursuivi le magistrat.
Rendu à la Pologne en mars 2014. L'homme faisait par ailleurs l'objet d'un mandat d'arrêt européen émis "par un juge d'instruction polonais pour des faits de vol et d'extorsion", a indiqué le procureur de Boulogne-sur-Mer, jeudi matin, lors d'une conférence de presse. Six jours après sa sortie de prison, soit le 27 mars 2014, il a donc été remis aux autorités polonaises en vertu de ce mandat, a précisé Jean-Pierre Valensi.
... Il était revenu le matin des faits en France. Malgré cette expulsion vers son pays d'origine, l'homme est revenu sur le territoire français, le matin même du drame. Selon ses dires, il était arrivé mercredi matin à Calais dans l'optique de rejoindre sa sœur, vivant en Angleterre. C'est alors qu'il aurait croisé la route de Chloé. La petite fille, qui jouait dans la rue, a braqué un pistolet à eau sur le suspect, qui l'a alors empoignée et contrainte à monter à l'arrière de son véhicule. Une information judiciaire va être ouverte pour "enlèvement suivi de mort" et "viol sur mineur de 15 ans".
>> LIRE AUSSI - Une fillette de 9 ans enlevée et retrouvée morte à Calais
>> LIRE AUSSI - Calais : les riverains racontent le scénario du drame
>> LIRE AUSSI - Calais : dans le quartier de Chloé, l'émotion des riverains