Deux jours après la mort de Mohamed Merah, les enquêteurs espèrent lever les zones d'ombres sur la personnalité du tueur lors de l'audition des proches.
Alors que son frère, Abdelkader, et sa compagne sont toujours en garde à vue dans les locaux de la sous-direction antiterroriste à Levallois-Perret, sa mère, Zoulikha Aziri, est sortie vendredi soir, un peu avant 22 heures, selon les informations d'Europe 1. Son avocat, Me Jean-Yves Gougnaud a déclaré qu'elle était minée par un "sentiment de culpabilité et de remords". "Mercredi, son monde a basculé. Tout s'est effondré", raconte celui qui la défend. Ce jour-là, Zoulikha Aziri apprend que son fils de 23 ans est probablement l'assassin qui a froidement exécuté trois enfants et un enseignant juifs ainsi que trois parachutistes dans les 10 jours précédents.
"Elle a coopéré"
A l'inverse de son frère qui a affirmé aux enquêteurs être "fier" de Mohamed Merah, sa mère, elle, a exprimé de la compassion à l'égard des victimes. "Elle se demande si elle aurait pu éviter les choses", a confié Me Jean-Yves Gougnaud, qui évoque une cliente coopérative avec les enquêteurs. Ces interrogations taraudent cette mère de famille car à 16 ans, son fils quitte l'école avant de sombrer dans le petite délinquance.
Alain Penin, un psychologue qui a examiné Mohamed Merah en 2009, décrit une mère de famille "complètement dépassée dans ses responsabilités éducatives et (qui) n'a pas pu assurer la sécurité affective de ce garçon, qui a été placé en foyer, en famille d'accueil et en institution".
"Ces trois jours de garde à vue ont été difficiles mais elle a coopéré" :
"Peur des représailles"
Les enquêteurs ont voulu essayer d'en savoir plus sur le rôle ou l'influence de sa mère dans cette affaire. Son mari l'a quitté alors que le jeune Mohamed avait cinq ans, se retirant définitivement en Algérie. Entre dans l'environnement familial un beau-père "avec un profil de radical islamiste". Mohamed se met "à faire le ramadan, à faire la prière, à lire le Coran", explique le psychologue.
Mais pas question, pour la mère, de défendre des actes, qu'elle n'avait "pas vu venir", commis par son fils. Elle est toujours "en colère", a précisé Me Jean-Yves Gougnaud. "Elle se demande pourquoi son fils lui a fait ça. Elle lui en veut un petit peu", mais c'est aussi une mère en deuil "car quoi qu'on en dise, elle a perdu son fils".
Au lendemain de la fin de sa garde à vue, Zoulhika Aziri a refusé de rentrer chez elle, craignant des représailles. Elle est "inquiète", a précisé son avocat. "Elle a peur, c'est pour ça qu'elle ne reviendra pas chez elle pour l'instant".