Mont-Blanc : une avalanche prévisible ?

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Fabienne Cosnay et Rémy Pierre avec AFP , modifié à
ZOOM - Que s'est-il passé ? A-t-on sous-estimé les risques ? Europe1.fr fait le point.

C'est le plus grave accident dans les Alpes françaises, ces dix dernières années. Une avalanche a fait neuf morts, jeudi matin, à Chamonix, dans le massif du Mont-Blanc. On compte en outre six blessés légers, cinq personnes indemnes et quatre disparus. Dans quelles circonstances s'est produit l'accident ? Etait-il prévisible ? Les alpinistes ont-ils sous-estimé les risques ? Europe1.fr fait le point.

Que s'est-il passé ? L'avalanche a touché deux cordées, qui se trouvaient à 4.000 mètres d'altitude, sur la face nord du Mont-Blanc. L'alerte a été donnée jeudi à 5h25 par un des blessés, selon le peloton de gendarmerie de haute-montagne de Chamonix (PGHM). D'après les premiers éléments de l'enquête, il semble que ce soit un alpiniste qui ait fait partir une plaque de 40 centimètres d'épaisseur accrochée à mi-pente. Le bloc de glace aurait provoqué dans sa chute une coulée large de plus de 150 mètres.

Qui sont les victimes ? Parmi les neuf morts, ont été identifiés un Suisse, un Allemand et deux Espagnols, a annoncé Philippe de Rumigny, préfet de Haute-Savoie. Un premier bilan avait fait état de deux Suisses parmi les morts. Les trois derniers corps découverts sous l’avalanche à la mi-journée seraient ceux de trois alpinistes britanniques.

Les recherches continuent

Y a-t-il encore des disparus ? Oui. Quatre alpinistes du groupe - deux Britanniques et deux Allemands - restent disparus. Le colonel Bertrand François, commandant du groupement de gendarmerie de Haute-Savoie, a émis l'espoir qu'ils aient réussi à échapper à l'avalanche, en allant plus vite que le reste du groupe ou en empruntant un autre itinéraire. 

Où en sont les recherches ?  Les secours étaient toujours, à la mi-journée, à la recherche d'éventuelles victimes ensevelies sous la neige. Mais les recherches sont rendues délicates par le risque de nouvelles avalanches. "L'espoir est mince", a confié un sauveteur au micro d'Europe 1. Une trentaine d'hommes sont présents sur place et continuent à sonder la zone de l'avalanche. Des secouristes italiens sont venus renforcer les moyens du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Chamonix.

La deuxième voie la plus empruntée

Y avait-il des risques particuliers ? Non. Pour Jean-Louis Verdier, guide de haute-montagne et adjoint au maire de Chamonix, les conditions météorologiques étaient bonnes jeudi matin et rendaient donc imprévisible ce départ d'avalanche. "C’est un secteur qu’on connaît, sur lequel on se méfie. Mais ce matin, les conditions étaient très bonnes, il n’y avait aucune raison qu’une plaque à vent se déclenche", a-t-il expliqué, au micro d'Europe 1. A priori, les alpinistes n'ont commis aucune faute. "Ils étaient dans l’itinéraire, dans les horaires convenables, donc il n’y avait aucune raison que cette avalanche se déclenche, si ce n’est la fatalité", a-t-il conclu au micro d' Europe 1.

Y avait-il trop de monde ? Le Mont Maudit est l'un des passages de la "voie des trois monts", avec le Mont Blanc du Tacul et le Mont-Blanc. C'est la deuxième voie la plus empruntée pour effectuer l'ascension du Mont-Blanc, après la voie royale qui passe par le Dôme du Goûter. Quelque 20.000 alpinistes tentent chaque été cette ascension mythique, avec des pics à 500 personnes par jour. 38 alpinistes se trouvaient jeudi matin sur cette voie. Ce qui est beaucoup. "Or, la fréquentation est un danger en tant que telle parce qu'elle ralentit les cordées", souligne Philippe Descamps, secrétaire général de la fondation Petzl, qui présentait jeudi une étude sur l'accidentologie sur le Mont-Blanc.